vendredi 23 décembre 2011

Le monde de Sophie

(Jostein Gaarder – publié en France en 1995)


Il y a assez longtemps, pendant que je lisais La République de Platon (oui, j'ai des folies comme ça...), on m'avait parlé de ce livre. Sur le coup, j'avoue ne pas avoir fait très attention; on m'avait dit que c'était un livre qui traitait de philosophie et qui était assez abstrus. Déjà, avec La République, j'étais servie alors j'avais plutôt en tête de finir rapidement le pavé que je lisais pour aller m'abrutir avec autant de BD niaises ou comiques que possible après.
Puis, bien plus tard, on m'en a de nouveau parlé mais cette fois-ci, pour me le conseiller, étant, me disait-on, un bon livre d'initiation à la philosophie (qui est l'une des matières qui m'intriguait le plus au lycée). Cette fois-ci, j'ai écouté mon entourage et je l'ai acheté pour le lire. C'est ainsi que je peux vous parler de ce livre initiatique norvégien.


Le monde de Sophie est en effet une bonne initiation à la philosophie. Il raconte l'histoire de Sophie, une jeune fille banale de 14 ans, qui trouve un jour dans sa boîte aux lettres une lettre où il y était simplement écrit « qui es-tu ? ». Elle commence ainsi à s'initier à la philosophie, grâce à cette correspondance mystérieuse grâce à laquelle elle reçoit des cours de philosophie, tout en essayant de résoudre certains mystères, comme l'identité de l'expéditeur...
Pour moi, ce roman se coupe en deux parties assez distinctes: dans la première partie, les cours de philosophie que Sophie reçoit ont une grande importance, au point que tout ce qui se passe autour peut paraître inutile et dans la deuxième partie, c'est l'histoire du roman qui reprend le dessus et qui s'avère étonnamment bien (oui, je ne m'y attendais pas du tout, personnellement...).

L'histoire, en effet, est bien menée et est vraiment intéressante. Les cours de philosophie, quant à eux, sont bien rédigés et sont beaucoup plus agréables à lire qu'un livre scolaire, je peux vous l'affirmer. En outre, je pense que c'est une bonne idée d'initier les gens à ce domaine par le roman, puisque les romans touchent n'importe qui.
Néanmoins, comme il est relativement épais (618 pages aux éditions Points), il peut faire fuir certains lecteurs du dimanche. De plus, je pense que pour que quelqu'un se lance dans ce livre, c'est qu'il est déjà un peu intéressé par la philosophie; il n'est donc pas aussi ignorant dans ce domaine que l'est l'héroïne au début du roman.

Pendant que j'en suis à parler de l'héroïne, parlons des personnages. Ils sont... fades. Inintéressants. Ce n'est même pas qu'ils sont banaux, c'est juste qu'ils sont vides. On ne s'attache pas du tout à eux. De plus, ils ont parfois des réactions complètement décalées. Prenons l'exemple de Sophie: elle reçoit des cours de philosophie et elle le cache à ses parents. Mais pourquoi donc le cache-t-elle à ses parents ? C'est pas un crime de recevoir des cours de philo, non ? Et puis, qui peut bien réfléchir à la question « qui es-tu ? » écrite sur une lettre anonyme aussi sérieusement ?
Enfin bref, les protagonistes ne sont donc pas attachants. Et c'est d'ailleurs un point à souligner: On apprécie ce livre intellectuellement, et non sentimentalement. L'histoire est intéressante car bien pensée mais en aucun cas parce qu'elle nous touche. Le livre nous porte à réfléchir, et non à sentir.

L'auteur est en effet professeur de philosophie et d'histoire des idées avant d'être romancier et le but de son roman étant l'initiation à la philosophie, il porte plus à la réflexion qu'à autre chose. Cependant, ce n'est pas non plus un livre philosophique de Platon ou de Schopenhauer. On n'est pas obligé d'être constamment concentré sur chaque mot que l'on lit afin de bien comprendre ce qu'ils (sous-)entendent. Non, cela reste un roman adressé aux adolescents où l'écriture est fluide et où le livre se lit très bien, même dans un état de fatigue avancé.


Pour conclure, Le monde de Sophie est un roman très intéressant qui initie très bien à la philosophie (puisque c'est son but) grâce notamment à son écriture fluide et à une histoire qui met certes longtemps à se dévoiler mais qui s'avère passionnante. Mais il faut souligner que ce roman s'apprécie principalement intellectuellement et non parce que les personnages sont attachants, puisqu'ils ne le sont pas. De plus, la longueur, le fait qu'il traite de philosophie ainsi que la prépondérance des cours de philosophie dans la première moitié du roman peut en rebuter certains, même si c'est ce qui m'a encouragé à le lire.
Je le conseille donc tous ceux qui s'intéressent un tant soit peu à la philosophie ou du moins qui n'ont aucun à priori négatif sur le sujet.

lundi 21 novembre 2011

Le pornographe

(Bertrand Bonello – 2001)

Réalisé en 2001 par le célèbre Bertrand Bonello (soit dit, en passant, je ne le connaissais pas...), Le pornographe est un film franco-canadien relatant la vie de Jacques, un réalisateur de films pornographiques très en vogue dans les années soixante-dix, qui se remet par contrainte à la réalisation après plusieurs années d'absence.

J'avoue avoir abordé ce film avec un sacré à priori ; le titre peut vous en expliciter la cause... Néanmoins, on m'a tellement vanté le réalisateur que je me suis dit : « Après tout, Habemus Papam est un bon film malgré le thème religieux ostentatoire alors pourquoi Le pornographe ne le serait-il pas ? ». De plus, Tim Burton a fait un plutôt bon film sur le « plus mauvais cinéaste de toute l'histoire du cinéma », Ed wood, alors pourquoi un film sur un cinéaste pornographique serait-il obligatoirement mauvais ?
Je constate que cette fois-ci, j'aurais du me fier à mon sentiment initial et laisser de côté toute justification et réflexion... Mais pourquoi ?

Même si l'histoire – la vie d'un pornographe qui reprend son métier – n'a pas l'air passionnante à mon goût, on trouve de bon films avec des synopsis semblable à celui-là tel que Ed wood précédemment cité.
Néanmoins, ces films requiert des répliques vivaces, un rythme prenant, un jeu d'acteurs maîtrisé, ce que Le pornographe n'a pas. Les dialogues sont tellement creux qu'on dirait des écoliers récitant devant leur maîtresse un poème appris par cœur la veille sans en comprendre un mot. Le jeu des acteurs va avec les dialogues : On dirait des automates ! Au début, j'ai cru que c'était fait exprès ; le film commençant effectivement sur une scène de tournage d'un des films du protagoniste et comme les films pornographiques ne sont pas connus pour être des trésors de répliques bien menées... Mais non ! C'est comme ça pendant tout le film ! Seul l'acteur principal, Jean-Pierre Léaud, amortit la casse mais si on fonce dans le mur à 120km/h, qu'on appuie sur le frein 10m avant ou pas, on se le prend quand même...

De plus, d'un point de vue cinématographique, je n'y connais pas grand chose, mais j'ai eu l'impression qu'il y avait beaucoup de plans fixes dénués d'intérêt ou de scènes prolongées inutilement. Par exemple, le film a du se concentrer (en un plan fixe, en plus) pendant environ 5-10 minutes sur une des scènes « chaudes » du tournage du film du pornographe. Cela n'a aucun intérêt ! Ça ne fait pas avancer l'histoire, et on s'en moque que deux acteurs de porno fassent leur travail !
Autre chose à ne pas omettre de signaler : Ce film n'est PAS tout public. Les scènes pornographiques ne sont pas censurées pour un sou. Donc si vous êtes mineurs ou que vous avez des enfants, évitez normalement... (enfin, comme on me l'a judicieusement fait remarquer, à priori, pour voir un film titré Le pornographe, on n'emmène pas ses enfants avec soi...)
Enfin, toujours dans les maladresses, le film est trop tronqué. On passe d'un événement à un autre qui parfois le suit, parfois le précède. Parfois, cet événement est évoqué dans la scène juste avant, mais il est montré quand même etc. Ça fausse un peu la compréhension du film, je trouve. De même, en passant d'une scène à l'autre, la musique ne suit pas forcément. Si dans une scène il y a besoin de musique et que dans la suivante non, la musique, au lieu de fondre en douceur, s'arrêtera brusquement, sans aucune transition. Là aussi, ça casse un peu le rythme...

Pour résumer, Le pornographe de m'a pas plu. Le déroulement du film est chaotique, les répliques sont creuses, les acteurs sont mauvais, exception faite pour Jean-Pierre Léaud, et je me suis franchement ennuyée. Je ne le conseille donc pas.

mercredi 26 octobre 2011

The Artist

(Michel Hazanavicius- 2011)


De nos jours, il est certain que le cinéma muet paraît être d'un autre temps. Quelques réalisateurs américains récents s'y sont replongés par nostalgie, Mel Brooks avec La Dernière Folie de Mel Brooks (1976) ou encore Charles Lane avec Sidewalk Stories (1989) mais on considère, à juste titre, les films muets comme une époque révolue depuis Le chanteur de Jazz (1927), l'un des premiers films parlant.
Cependant les américains ne sont pas les seuls à vouloir déterrer le genre : le réalisateur français, Michel Hazanavicius, connu pour les OSS 117, décide lui aussi de produire un film muet : The Artist.


The Artist raconte la vie d'un acteur muet reconnu, interprété par Jean Dujardin, lors de l'avènement du parlant. Même si le thème a déjà été abordé par le passé (Chantons sous la pluie en 1952), le fait de l'aborder de nos jours en noir et blanc et en muet est plutôt original. Mais est-il bon pour autant ?

Abordons tout d'abord le jeu des acteurs ; en effet, dans un film muet, finalement, ce sont eux qui porte le film, davantage encore que pour un film sonore. Je dois dire qu'ici, le film s'en sort très bien : les acteurs sont vraiment bons. Bien sûr, le protagoniste principal, joué par Jean Dujardin, est très bien interprété mais les personnages secondaires comme le majordome (James Cormwell) et le producteur (John Goodman) s'en sort eux aussi avec les honneurs. L'héroïne de l'histoire, interprétée par Bérénice Bejo, s'avère être la mieux interprétée de tous, à mon goût, son jeu étant très expressif.

L'autre point fort du film est sans aucun doute la mise en scène. Le réalisateur a beaucoup joué avec le cadre, reprenant des techniques cinématographiques des années 1910, l'éclairage, les reflets et ombres et aussi avec le son. En effet, même si le film est muet, on a tout de même la capacité à le rendre sonore, et ceci est divinement bien exploité dans ce film racontant la transition entre muet et sonore.
Toutes ces méthodes d'éclairage et de mise en scène sont aussi exploités d'un point de vue symbolique, renforçant l'histoire et les sentiments des personnages.

On peut aussi noter que Michel Hazanvicius s'est amusé à mettre des références à d'autres films dans son œuvre. Il les introduit de différentes manières : pour s'amuser (The Mask) ou pour renforcer l'action de son film (Vertigo). Finalement, ceci s'adapte très bien à The Artist, puisque le contexte cinématographique est conservé, voir renforcé.

Néanmoins ce film n'a pas que des qualités ; l'un des gros points noirs de ce film est sans doute sa longueur. Non pas qu'on s'ennuie en le regardant, loin de là, que l'histoire est inintéressante, non. Le problème, c'est qu'à un moment, ça traîne. Ils auraient du décider d'engager la fin à un certain passage que je ne révélerai pas et ne pas insister sur la deuxième partie du film. D'autant plus que ça collait mieux avec la conclusion qu'avait trouvé le héros à ce moment.
En outre, en insistant autant, cela rend la fin peu crédible voir même qui ne correspond pas au personnage. Ça fait vraiment : « Bon sang, mais c'est bien sûr ! Pourquoi n'y ai-je pas pensé plus tôt !? » et décrédite tout l'aspect dramatique du film.


Pour conclure, The Artist est un bon film. L'idée de faire un film muet en noir et blanc de nos jours est osée mais bien exploité par une excellente mise en scène significative et un très bon jeu d'acteur. Néanmoins, il aurait du être plus court, un moment du film alourdissant singulièrement le déroulement de l’œuvre et discréditant la fin.
Je le conseille cependant à tous ceux qui ont envie d'aller voir un film bien réalisé et original. 

mardi 4 octobre 2011

Crime et châtiment

(Fedor Dostoïevski – publié en 1866)


Attendez, ne vous enfuyez pas trop vite! Je sais que la plupart des gens pensent que Crime et châtiment est un livre long et abstrus mais lisez au moins mon avis à ce sujet! Car oui, quand quelqu'un me dit « ne lis pas ce livre, il est trop compliqué », je n'ai qu'une envie: le lire. Je suis l'incarnation de l'esprit de contradiction en personne. Mais c'est grâce à cela que je peux me permettre de vous en parler.
      Au premier abord, j'avoue que j'ai moi-même failli fuir devant le livre: 672 pages, c'est un chose, et j'ai déjà vu mieux. Néanmoins, j'avoue que la présence du « Tableau des personnages » et de la carte de Saint-Pétersbourg m'ont fait un peu peur: déjà, j'ignore si vous avez déjà vu un nom russe, mais quand vous ne pratiquez pas la langue et que vous ne l'aviez presque jamais côtoyée de près comme de loin, cela paraît long, incompréhensible et impossible à retenir. Alors quand vous en avez une petite trentaine sous les yeux, c'est assez effrayant... Ensuite, c'était comme si leur présence me disait « Oh, tu veux tenter de lire ce livre ? Voici les outils nécessaires à sa compréhension. Bonne chance! » avec une voix sarcastique. J'ai cependant surmonté mon appréhension et m'y suis lancée.


L'intrigue a lieu en 1865 à Saint-Pétersbourg, capitale de l'Empire Russe. Pour vous mettre dans le contexte, à cette époque, le tsar Alexandre II était au pouvoir et il venait à peine de mettre en place quelques reformes plus « justes » au niveau de l'enseignement, du servage - aboli pour l'occasion -, et de quelques autres domaines. Mais je m'égare. Dans ce roman, nous suivons un ex-étudiant, Raskolnikov qui a interrompu ses études faute d'argent. Endetté jusqu'au cou, sentant toute le poids de la pauvreté sur ses épaules, il ne se croit pas moins doté d'un grand avenir. En effet, pour lui, tant que la finalité est louable, le moyen de l'atteindre aura beau être dépourvu de tout scrupule, il sera justifié et profitable; à condition, bien sûr, d'avoir la force morale capable de supporter de commettre cette transgression. Il va sans dire qu'il se considère lui-même comme l'un de ces « surhommes » et que le meurtre qu'il s'apprête à commettre sera pour le plus grand bien... Quoique...
     J'ai d'abord commencé par vous mettre dans le contexte historique car on peut tout de même indiquer que le roman est assez intéressant à ce sujet. Bien sûr, ce n'est pas un livre d'histoire ni un roman historique et les événements cités plus haut voir même le nom du tsar contemporain à l'action du livre ne sont pas cités; mais il faut tout de même admettre qu'on apprend beaucoup de choses sur la société russe et principalement chez les plus pauvres. De plus, l'ambiance générale de l'époque me semble bien conservée, du moins, celle du roman est réaliste (je n'ai pas vécu ni dans les années 1850 ni en Russie après tout, qu'est-ce que j'en sais ?).

Ce n'est cependant pas la vraisemblance d'un livre qui en fait sa qualité, je vous l'accorde. Alors parlons du second aspect du roman. D'un point de vue de l'intrigue pure et dure, l'œuvre se construit en deux temps, déjà annoncés par le titre : d'abord le « crime » que Raskolnikov commettra pour son idéal, puis le « châtiment » que lui infligera sa conscience pendant le reste du roman. J'ai bien dit sa conscience car en effet, Crime et châtiment peut être considéré comme un roman psychologique. On suit un personnage qui devient de plus en plus fou et paranoïaque de par sa culpabilité. Les autres personnages ne sont pas non plus inintéressants et rend le tout cohérent, vivant et une fois encore vraisemblable même si parfois, à vouloir trop critiquer les aspects noirs de sa société, l'auteur a tendance à exagérer certains traits des personnages.
    Autre point assez important au niveau des personnages et qui les rend d'autant plus intéressants: ils évoluent au cours du roman, et parfois même radicalement. Cela peut peut-être vous paraître stupide d'accentuer autant quelque chose de si naturelle et de si fréquente dans les romans d'aujourd'hui (Harry Potter, A la Croisée des Mondes, pour ne citer qu'eux), mais à l'époque où le livre est sorti, c'était une première, la tradition littéraire privilégiant l'unité et la cohérence des personnages.
Et la difficulté de la lecture qui terrifie tant de gens, alors ? Eh bien, croyez-moi ou non, je ne l'ai pas trouvé si compliqué que cela, ce roman. Je dirais même plutôt plaisant. Le style d'écriture est agréable et laisse une place importante aux dialogues, qui ont tendance à être très animés, rendant l'œuvre dynamique. Par exemple, là où un Honoré de Balzac aurait décrit la misère d'un personnage par une description de son apparence, de son lieu d'habitation, par son comportement, Dostoïevski, lui, narre l'histoire de cette misère par un alcoolique! C'est tout de même plus vivant, non ? De plus, sa narration est sans doute excellente, car pas un seul instant, je n'ai pas « senti » la canicule de l'été 1865 et la misère qui accablaient les protagonistes.

Néanmoins, j'ai quelques défauts techniques à souligner. Tout d'abord, même si personnellement, 600-700 pages, cela ne me fait pas peur, certains peuvent s'en trouver décourager, je le conçois. Il faut aussi préciser que la narration a beau très vive, l'histoire n'est pas gaie; nous parlons tout de même de « crime » et de « châtiment ». Il est possible que certaines personnes n'apprécient pas le côté sombre ('obscur' était tentant...) du roman. De plus, les noms russes sont vraiment très durs à mémoriser et il ne faut pas omettre de préciser que dans ce roman, il y a même des surnoms. Prenons le héros, par exemple. Dans la narration, on l'appelle «  Raskolnikov ». Son nom complet est « Rodion Romanovitch ». Sa famille l'appelle « Rodia ». Cela fait quatre noms (impossible) à retenir pour un seul personnage. Il y en a une trentaine... Comment voulez-vous qu'on s'y retrouve !? J'ai vraiment senti l'utilité de ce tableau de personnages, même s'il n'y a pas tous les surnoms des protagonistes... Alors cela devient vraiment agaçant de devoir presque à chaque fois retourner voir ce tableau dès qu'un nouveau personnage (ré)apparaît au bout d'un moment... Mais bon, l'auteur n'y pouvait rien, il est russe, et fier de l'être, alors...


Pour résumer pour ceux qui n'ont pas eu le courage de lire tout ce qu'il y a en haut; malgré le préjugé négatif quasi-général sur ce roman, les personnages sont profonds, humains et intéressants, le contexte est vraisemblable rendant l'histoire d'autant plus probable et réaliste, l'écriture est agréable et dynamique alors malgré les difficultés rencontrées à l'égard des noms russes trop compliqués pour mon petit cerveau, c'est une œuvre que je conseille à tous ceux qui n'ont pas peur d'affronter un roman légèrement long, sombre mais passionnant.

mercredi 14 septembre 2011

Kazan

(MIYAO Gaku – Publié en France en 2006 par Ki-oon)


Publié en sept tomes, Kazan situe son intrigue dans un monde désertique où l'eau est ce qu'il y a de plus précieux. Kazan, dernier survivant du clan nomade du Sable Rouge, erre dans ces terres à la recherche de son amie d'enfance, Elsie, enlevée par le « démon de l'eau »...

Kazan est donc une quête que mène le héros éponyme à travers son monde aride dans lequel il affrontera des ennemis, rencontrera des amis et continuera inlassablement ses recherches.
Même si on peut penser que le thème du voyage avec un objectif si lointain pourrait facilement mener à un manga épisodique, ici, il n'en n'ai rien. Chaque tome le conduit inéluctablement de plus en plus près de son objectif, à s'en demander qu'est-ce qu'il a bien pu faire pendant dix ans sans la trouver...

Néanmoins, le rythme est l'un des points forts de ce manga. L'intrigue comporte très peu voir aucun temps mort mais l'histoire ne se presse pas non plus. On sent que l'auteur avait son œuvre prévue, et qu'il n'a pas été obligé de la rallonger ou de l'écourter.
L'univers, quant à lui, tourne principalement autour de l'idée que l'eau est la plus précieuse des denrées. Néanmoins, il n'est que peu précisé dans l’œuvre, à part quelques lieux et coutumes, sa brièveté justifiant ce choix. Disons que pour une œuvre de cette longueur, l'univers est bien présenté et joue un bon rôle dans les péripéties des personnages.

Pour l'histoire en elle-même, même si elle n'est pas d'une grande originalité, on accroche étonnamment beaucoup. L'intrigue est plutôt intéressante et pimentée par des rebondissements parfois surprenants qui rendent les (més)aventures des protagonistes vraiment saisissantes.
A propos des personnages, ils sont tous très travaillés. Il est évident que le héros est un peu plus soigné que les autres ; on est plutôt bien informé de son passé, notamment. Cependant, les adjuvants ainsi que les antagonistes présentent une profondeur non négligeable qui les rendent humains, même si certains restent assez classiques.

D'un point de vue graphisme, l'auteur s'en sort plutôt bien, sans faire de merveille non plus. Le dessin est plaisant à regarder, l'action compréhensible et le style se prête plutôt bien à l’œuvre.

En conclusion, Kazan est un bon manga qui nous entraîne dans un monde aride aux côtés de Kazan et d'autres protagonistes tout aussi intéressants. Le rythme y est soutenu et l'action se poursuit ainsi sans temps mort sur sept tomes qui rendent l’œuvre ni trop longue, ni trop courte. Ainsi, même si le manga n'est pas des plus originaux, il s'en sort tout de même très bien et me pousse à le conseiller à tous ceux qui ont envie de se laisser entraîner dans une quête passionnante.

mercredi 7 septembre 2011

Habemus Papam

(Nanni Moretti – 2011)


J'avoue avoir été assez réticente à l'idée d'aller voir ce film; les oeuvres traitant aussi ostensiblement de la religion m'ont souvent déplue, soit parce que trop pieuse, soit parce que trop engagée dans l'athéisme.
Néanmoins, j'ai réussi à me convaincre d'aller le voir tout de même, ce qui me permet de le critiquer maintenant.

Mes préjugés ont été (heureusement) infirmés. Commençons par le synopsis: L'histoire se situe juste après la mort du pape Jean-Paul II. Les cardinaux doivent donc se réunir pour en élire un nouveau qui, après maintes votes, fut choisi. Cependant, juste avant de se présenter devant les fidèles, ce dernier craque: « Je n'y arrive pas! » et refuse de remplir son rôle...
C'est là toute l'originalité du film: qui aurait pu penser un seul instant qu'un pape, une « sainteté » refuserait de l'être !? Les cardinaux essayeront tout leur possible pour lui faire changer d'avis; prières, persuasion et même psychanalyse mais rien n'y fait!
On peut, en plus du comique de situation, souligner la maîtrise des dialogues ainsi que le très bon jeu des acteurs. Imaginez: Psychanalyser le pape; il y a là source de répliques hilarantes!
En ce qui concerne les acteurs, il y a pour moi deux acteurs qui portent le film: Michel Piccoli dans le rôle du pape et Nanni Monetti (accessoirement le réalisateur, d'ailleurs...) dans le rôle du psychanalyste. Piccoli permet la dimension dramatique tandis que Monetti autorise l'humour de s'y insérer. Ce sont les deux éléments qui permettent de rendre le film aussi bon.
Il n'est cependant pas excellent. Le film s'essouffle effectivement vers la fin et mène à un final qui peut décevoir. Quant aux musiques, elles ne sont que peu apparentes mais ne gênent pas non plus le spectateur.


Pour résumer et conclure, Habemus Papam est un bon film tant dans l'idée grâce à laquelle il se construit que les traits humoristiques et le jeu des acteurs, notamment Michel Piccoli et Nanni Monetti. Il s'essouffle néanmoins vers la fin et ne nous offre hélas pas une conclusion convaincante.
Je le conseille cependant à ceux qui ont envie de passe un moment agréable pour se détendre.

dimanche 28 août 2011

L'Odyssée de Kino

(Genco – 2003)



Je vais ici vous parler de l'une de mes œuvres favorites, l'un de mes plus grands coups de cœur, mais malheureusement inconnu: L'Odyssée de Kino.

L'Odyssée de Kino (Kino no Tabi, de son vrai nom) est avant tout un roman (light novel, pour être précis) signé Keiichi Sigsawa (aussi « connu » pour Allison, une série de romans dont l'adaptation animée, Allison to Lillia, et les romans sont inédits en France). Commencée en 2000, la série compte 14 tomes aujourd'hui. Inédite en France, Tokyopop, éditeur germano-américain, a commencé à la traduire dans la langue de Shakespeare mais a du s'arrêter dans cet élan généreux juste après le premier tome à cause de certains problèmes avec les éditeurs japonais.
Ainsi, le seul moyen pour quelqu'un ne pratiquant pas la langue du pays du Soleil Levant de connaître cette œuvre est de regarder l'adaptation animée licenciée par Kaze que je m'apprête à critiquer.

Kino, accompagnée d'Hermès, une moto parlante, voyage de pays en pays dans le magnifique monde dans lequel elle vit. Son monde est certes beau mais ce n'est pas de la beauté telle qu'on la conçoit habituellement: c'est la beauté de l'imperfection, de la laideur et de l'injustice. Kino et Hermès visitent donc différents pays, chacun portant leur part d'imperfection, où ils ont pour règle de ne rester que trois jours. Ainsi, ils ont suffisamment de temps pour voir ce qu'il y a d'intéressant à voir dans ce pays, mais pas assez pour s'y attacher, afin de continuer à voyager encore et encore, car une voyageuse est faite pour l'aventure...

Présenté sous le format de 13 épisodes, chacun d'eux nous montre un ou deux pays. Et quels étranges pays! Chaque trait humain, chaque tendance de notre société est représenté dans chaque pays et c'est à travers les discussions des deux protagonistes et des actes des habitants qu'ils se révéleront.

Hermès et Kino, en pleine discussion sur les étranges mœurs du pays qu'ils visitent.

Ça doit faire deux mois que je travaille sur cette critique, et j'avoue que j'ai énormément de mal à savoir pourquoi j'apprécie autant cet anime. Déjà, j'aime beaucoup le principe: on a vraiment envie de suivre et de continuer à suivre les aventures de Kino à travers les pays si étranges qu'elle visite.
Les deux personnages principaux sont plutôt attachants et les débats philosophiques dans lesquelles ils se lancent sont intéressants, sans être prise de tête.
L'univers est évidemment ce qu'il y a de plus travaillé, mais d'un autre côté, pas tant que ça. Chaque pays a sa spécificité mais l'univers, dans son ensemble, n'est pas vraiment cohérent, puisque, d'un pays à l'autre, on peut aller d'une ambiance moyen-âgeuse à de la science-fiction. Néanmoins, cela ne gène vraiment pas et au contraire laisse plus de liberté à l'auteur qui nous offre un univers onirique à l'instar d'un Galaxy Express 999 ou du Petit Prince.
On peut donc qualifier L'Odyssée de Kino d'anime contemplatif, puisque laissant une grande place à l'observation et aux dialogues. L'action y est en effet peu présente, sans y être absente non plus; la vie sur les routes peut ne pas être de tout repos.

Kino sait se défendre quand il le faut.

En ce qui concerne la forme, le dessin est plutôt soigné et même si le design s'éloigne un peu des illustrations d'origine du roman, il correspond bien à l'œuvre. Vous avez peut-être remarqué sur les screenshots les traits horizontaux; ceci n'est pas du à la mauvaise qualité de mon écran ou de mon DVD mais bien d'un choix du studio d'animation. J'ignore comment ils ont eu l'idée (c'est la première fois que je vois ça dans un anime...), mais cela accentue l'ambiance onirique, pour une raison qui m'échappe, de l'œuvre. Quant à l'animation, elle n'est pas exceptionnelle, mais elle n'a pas vraiment besoin de l'être après tout.
D'un point de vue musical, pas vraiment de bonnes surprises de ce côté-là. Elles sont transparentes et j'avoue les avoir oubliées (je viens de revoir un épisode il y a un quart d'heure pour pouvoir continuer cette critique, alors ce n'est pas le temps qui a fait cela...). Pour les opening et les ending, là non plus, pas beaucoup d'éclat; ils ne sont ni bons, ni mauvais.

Pour ceux qui s'interrogerait sur l'épisode zéro et les deux OAVs signalés au début de la critique (sur l'image), ils sont inédits en France. L'épisode zéro est semblable à n'importe quel autre épisode. Le premier OAV, Kino no Tabi - Nanika wo Surutameni, traite d'une partie du passé de Kino alors que le second, Kino no Tabi - Byouki no Kuni - For You, est comme un autre épisode à la différence que ce n'était plus le studio Genco aux commandes mais le studio Shaft. Mon seul regret est la disparition des traits horizontaux (oui, j'y tiens) mais sinon, l'OAV est plutôt bon.


En conclusion, L'Odyssée de Kino est une ode à la laideur, à l'imperfection et à l'absurdité humaine, ainsi qu'à la beauté qui en résulte. Les pays visités sont intéressants, les personnages principaux sont attachants, l'animation est correct et le graphisme est bon. C'est vraiment le genre d'anime qu'on regrette d'avoir fini, puisqu'on préférerait continuer à suivre les aventures des deux héros.
Les seuls défauts que j'ai pu relever ne sont pas du à l'œuvre elle-même mais à sa commercialisation: déjà, le fait qu'on n'est le droit qu'au premier tome du roman en anglais est injuste (le lire en japonais est assez difficile, malgré mes efforts...) et en plus, Kaze vend les DVD vraiment chers, ce qui n'encourage pas les non-initiés à s'y intéresser... (même si j'avoue que le coffret est magnifique...)
C'est donc un anime que je conseille à tout le monde, y compris à ceux que tout ce qui touche à la japanimation barbe au plus au point, tant il me semble qu'il est hors norme et fantastique.

mardi 23 août 2011

Ivanhoé

(Walter Scott – publié en 1819)


Quand j'étais petite, j'écoutais Nino Ferrer. Dans la chanson intitulée Alexandre, il parle de faire « un coupe-papier avec l'épée d'Ivanhoé ». La première chose que je me suis dit en écoutant ceci, avec toute la curiosité candide possible, c'est; « c'est qui Ivanhoé ? ». Ne connaissant pas wikipédia et n'étant pas amie des dictionnaires à l'époque, j'ai eu une réaction plus radicale: j'ai acheté le roman (3€ le livre de 500 pages... Ah, le bon vieux temps des livres pas chers...). Le temps est pas mal passé, la relecture des Garfield satisfaisant très bien ma version enfant; ce n'est qu'une petite dizaine d'années plus tard que j'ai (enfin) abordé ce roman, tentant de répondre à la question innocente que je me suis posée il y a fort longtemps.



Car oui, qui est Ivanhoé ? Eh bien, avant tout, c'est un chevalier. Le roman se passe ainsi au XIIe siècle, pendant le règne du Prince Jean, frère de Richard Cœur de Lion, pendant que ce dernier était prisonnier des musulmans. Le récit gravite donc autour d'un personnage central qu'est Ivanhoé, un croisé et fidèle du roi d'Angleterre captif, rentrant dans son pays natal.
Je dis bien gravite, car il y a de nombreux personnages aussi différents les uns des autres mais tous liés plus ou moins étroitement avec Ivanhoé: Rébecca, une jeune femme juive, Cédric, ancien seigneur saxon en opposition avec le pouvoir en place, Isaac d'York, père de Rébecca, Wamba, le bouffon de Cédric, De Bracy, chevalier ayant fait allégeance au Prince Jean, Noir Fainéant, mystérieux chevalier anonyme, Locksley, insolent archer, et j'en passe. Et étonnamment, l'auteur arrive à les rendre tous plutôt intéressants avec évidemment des personnages qui brillent plus que d'autres; mais chacun a son heure de gloire.

Un défaut tout de même au niveau des personnages. Sans ambages, le héros, Ivanhoé, passe complètement inaperçu devant la force de caractère des figurants. C'en est à se demander lequel, entre Wamba, par exemple, et Ivanhoé est le héros! Ivanhoé ne voit sa personnalité que peu développé, mais pour le peu qu'elle ne l'est, il m'a tout l'air du stéréotype parfait d'un preux chevalier insipide. Il n'a que peu d'apparition dans ce roman, ne fait pas trop avancer l'intrigue, puisse que ce sont les figurants qui s'en chargent, et, en gros, ne sert à rien. Ah, si, de point de gravité. C'est l'œil du cyclone pour les personnages: Alors que les autres sont turbulents et actifs, l'œil ne fait rien, et il ne s'y passe rien. Mais sans l'œil, pas de cyclone, j'imagine.

Parlons un peu de l'ambiance générale. Ivanhoé est l'un des premiers romans historiques et grâce au succès qu'il a eu à l'époque, a même servi de tremplin pour l'essor du genre. Il retranscrit donc avec plus ou moins de fidélité l'ambiance du Moyen-Âge anglais sous le régence du Prince Jean: la persécution des juifs, la tentative d'usurpation du trône d'Angleterre par le Prince Jean pendant l'absence de son frère et la rivalité des saxons et des normands, née depuis la défaite, lors de la bataille d'Hastings (1066), des saxons, qui sont contraints d'être dirigés par les vainqueurs, notamment, sont des aspects sur lesquels insiste beaucoup l'auteur dans son œuvre (même si la rivalité « normo-saxonne » n'a pas était prouvé...). De plus, si vous aimez les contes de chevalerie, vous retrouverez ici l'ambiance si particulière de ces légendes, grâce à notre cher héros stéréotypé à souhait. On retrouve aussi des histoires célèbres du Moyen-Âge dont on ne connait pas forcément l'origine telles que celle de Robin des Bois ou encore du chevalier noir.
D'un point de vue de l'histoire...Ce n'est pas tellement important. Je veux dire, il n'y a pas vraiment de fil conducteur. Il y a une multitude d'évènements qui s'entremêlent, des personnages qui se croisent, s'affrontent, s'entraident selon leurs propres intérêts et convictions et au milieu de tout ça, il y a le héros qui vit sa vie en subissant ce qui se passe autour de lui et évitant tous les dangers avec une chance de pendu. Et le pire (ou le meilleur) dans tout cela, c'est que ça reste très cohérent.

Voilà que j'ai fini avec le fond, alors parlons de la forme. Comme je l'ai dit plus haut, le livre fait dans les 500 pages pour une édition poche. Cela peut effrayer certains. D'autant plus que au niveau du style d'écriture, il n'a pas spécialement le talent de nous faire oublier que c'est long. Disons que si vous avez lu du Balzac, vous pouvez imaginer facilement le style d'écriture de Scott. Certains sont capables de le lire, l'apprécient même, d'autres l'abhorrent de tout leur être. Le style balzacien étant pour moi le style du roman de base, je ne saurais vous dire si c'est horrible ou pas: c'est basique, tout simplement. (Du moins, pour un romancier: Je ne vais pas demander à un adolescent d'écrire aussi bien qu'un Balzac ou un Scott: Ils ont fait de nombreuses études pour ça et ils travaillent sur leurs romans pendant des années; ce n'est pas comparable.)



En conclusion, Ivanhoé est un roman historique traitant du Moyen-Âge anglais, décrivant les aspects de cette période avec brio. On peut aussi louer l'auteur pour avoir créer des personnages aussi humains et dignes d'intérêt, ce qui donne de la force à l'intrigue, puisque c'est autour d'eux et grâce à leurs actions qu'elle se construit. Néanmoins, Wilfried d'Ivanhoé reste le personnage le plus insipide et inintéressant de l'histoire (tellement qu'il n'est même pas cité dans la quatrième couverture de mon édition; c'est un signe). On peut aussi désapprouver la longueur de l'œuvre ainsi que son style, propre à son époque, qui ne fait pas l'unanimité, même si cela ne me dérange pas.
Je ne peux vous dire si je le conseillerais ou non, mais si vous aimez le Moyen-Âge et les histoires avec des personnages au caractère bien trempé, que la longueur et le style du XIXe siècle ne vous fait pas peur, alors Ivanhoé pourra sans aucun doute vous convenir.

mercredi 17 août 2011

Metropolis


(Fritz Lang – 1927)


(Je m'excuse d'avance pour la qualité variable des screenshots; ils ne sont pas de moi, vu que je l'ai vu au cinéma, je n'ai pas pu en prendre...)

L'histoire du film est presque aussi intéressante que le synopsis, dans le cas de Metropolis. En janvier 1927, Metropolis fut programmé dans sa version complète dans quelques salons comme cela se faisait à l'époque. Néanmoins, devant le manque de succès, les producteurs décidèrent de tronquer le film pour la sortie nationale en été.
A cause de cela, beaucoup de parties essentielles du film ont été perdues pendant des décennies. Cependant on découvrit à Buenos Aires un négatif du film presque complet en 2008. Celui-ci a été acheté par un producteur brésilien qui a vu le film en version complète en janvier 1927.
Ainsi, la version que j'ai vu est la version où la reconstitution du film est la plus aboutie (il manque une scène) et qui dure 2h27 alors que l'original dure 2h33 (longueur exceptionnelle pour l'époque, au passage).

Voici pour l'anecdote, passons au film en lui-même. Métropolis est d'abord le nom d'une ville séparée entre la ville haute, où les dirigeant vivent dans le luxe et la ville basse, les Profondeurs, où les travailleurs s'acharnent à faire fonctionner la ville.

Les deux parties de la ville, aussi opposées que complémentaires.

Maria, habitante de la ville des travailleurs, rêve d'égalité et emmène des enfants d'ouvriers dans le « club des fils » de la ville haute, leur présentant les personnes présentes comme leurs frères. Ce qui marqua le jeune Freder Frederson, qui tomba amoureux d'elle.
Ceci ne vous rappelle rien ? Les ouvriers d'un côté, les dirigeants oisifs de l'autre... C'est en effet une idée bien communiste! Mais plus que l'abolition des classes, Fritz Lang prône davantage la réconciliation des classes. Bien qu'à l'origine, paraît-il, il voulait faire abolir les classes dans son film, il a du en changer le contenu, à cause de l'influence de sa femme, qui penchait vers les idées fascistes, et la réconciliation des classes en est une...

Personnellement, ce que j'ai beaucoup aimé dans ce film, c'est la vision que le réalisateur a du futur. Ne connaissant pas l'informatique, il imagine d'énormes machines à vapeur dont les ouvriers doivent s'occuper constamment pour les faire fonctionner. (La genèse du steampunk, pour les connaisseurs...)
De plus, je trouve les décors extrêmement bien réalisé. L'image de synthèse n'existant pas à l'époque, l'équipe de tournage devait fabriquer les décors (certaines machines sont de cette ordre là) ou les peindre. Et l'illusion est là; on sent que la ville est vivante.
L'histoire m'a aussi bien plu. On s'attache aux personnages, la mise en scène et les acteurs y jouent beaucoup, un débat sociologique, qu'il nous plaise ou non, est ouvert, une morale est donnée. Vraiment, je trouve ce film bien réalisé et profond.
Parlons des acteurs, maintenant. Ce film étant muet, il y a deux choix: soit les acteurs sont mauvais et on ne comprend rien, soit ils sont excellents et le message passe. Vous vous en doutez, les acteurs de Metropolis sont de la deuxième catégorie. Leurs mimiques, leur jeu et même leur regard, ils font tout pour exprimer les pensées, la personnalité de leur personnage, ce qu'ils réussissent avec brio.

Comment une actrice arrive à jouer deux rôles: tout est dans le regard...

Pour la musique, l'âme des films surtout muet, je ne peux hélas pas vous le dire. Non pas qu'elle était mauvaise; au contraire, elle collait à la perfection au film et ne faisait que renforcer la profondeur du film, mais l'ayant vu en ciné-concert et ne sachant pas si les ciné-concerts, c'est la musique que l'équipe de tournage décide ou l'interprétation du pianiste (mes sources diffèrent), je ne sais, si vous le voyez un jour, si vous aurez la même musique que moi. Sachez que Jean Cambra accompagne très bien ce film.
Parlons des défauts (c'est un bien grand mot) de ce film. Tout d'abord, il est arrivé une ou deux fois que le film traine en longueur. Certaines scènes sont prolongées sans nécessité, même si c'est rare.
Autre chose, mais là, je soupçonne la reconstitution, des fois, pendant une scène, une autre scène apparaît alors qu'elle s'est déjà terminé avant, pour reprendre juste après la scène interrompue. De même, c'est assez rare, mais ça arrive. Un autre défaut technique, mais lui étant avéré: la qualité de l'image est inégale. Ceci est du au négatif récupéré à Buenos Aires: celui-ci était du 16 mm et non du 35 mm, comme le reste de la bande. Je tiens tout de même à préciser que cela ne gêne ni la compréhension, ni l'appréciation du film; je dirais même que ça rajoute du charme.
Enfin, le film est muet. Ah, les films muets! Que de préjugés négatifs sur les films muets! Déjà, le noir et blanc c'est limite, mais alors le muet! Non, sans rire, je n'avais pas du tout d'à priori sur les films muets, d'autant que j'en ai déjà vu, alors je ne peux pas vous dire que Metropolis les a détruit, mais il faut arrêter de rejeter des bons films sous prétextes du manque de moyens techniques de l'époque. C'est comme si vous me disiez que vous n'irez pas voir un film s'il n'est pas en 3D. C'est absurde! Un film peut être bon, quelque soit l'époque où il a été tourné. Certains films vieillissent mal, c'est vrai, mais le professionnalisme de la réalisation, des décors, des acteurs, dans Metropolis font que, malgré son âge, il reste un chef-d'œuvre.

Je reprends donc pour ceux qui ont arrêté de suivre et ceux qui ont la mémoire courte: Metropolis est un chef-d'œuvre. Les décors sont parfaitement bien réalisés, les acteurs sont excellents, la musique (de Jean Cambra) accompagne le film à merveille, l'intrigue est bien menée, l'histoire est profonde et ouvre un débat intéressant alors à part quelques défauts techniques dus à la reconstitution morcelées et même s'il est muet, je le conseille à tous, ne serait-ce que pour votre culture cinématographique, le film étant culte et source d'inspiration de nombreux auteurs/réalisateurs.

dimanche 14 août 2011

La nuit du renard

(Mary Higgins Clark – 1977)

Devant ma culture quasi nulle en ce qui concerne les romans policiers (j'en suis au point de me demander si j'ai lu un Agatha Christie dans ma vie, c'est pour vous dire!), je me suis dit qu'il serait temps de m'y mettre. Et comme on m'a fortement conseillé La nuit du renard, j'ai pensé que ça serait un bon début. En effet, troisième roman écrit par Mary Higgins Clark – grande auteur de policiers –, ce dernier gagne le grand prix de la littérature policière en 1980 et semble être un classique du genre.

L'intrigue se situe à New York, où Sharon Martin, fervente journaliste qui est contre la peine de mort, et Neil Peterson, fils de Steve, amant de Sharon, se font enlevés par un auto-surnommé Renard.
L'intrigue, typique d'un roman à suspens, est vraiment bien construite: à chaque chapitre – et ils sont courts – on suit des personnages différents qui sont tous liés d'une façon ou une autre à l'affaire, que ce soit en tant que témoin, victime ou même coupable. L'auteur arrive à tout entremêler magnifiquement tout en arrivant à la fin à rendre à chaque personnage son importance et son rôle. En outre, on s'attache vraiment à chacun d'entre eux; ils ont tous leur petite originalité, leur petit passif qui fait en sorte qu'on y croit vraiment.
La forme aussi est bien. Déjà, j'aime beaucoup les romans où les chapitres sont courts (je ne sais pas pourquoi; ça doit être parce qu'on peut couper la lecture plus souvent, c'est pratique...), il est plutôt court (287 pages aux éditions « Le livre de poche ») et l'auteur a une écriture agréable et plaisante à lire.

Une histoire bien construite, des personnages attachants, une belle écriture; que demander de plus, me diriez-vous. Je ne sais pas trop ce que je demande de plus, mais pour moi, ce n'est pas vraiment un chef-d'œuvre.
Certes, c'est un roman sympathique, mais je le prends plus pour un roman pour passer le temps que pour un roman où on y passe du temps. Un roman de gare, quoi. Le genre de roman que vous lisez quand vous avez trois-quatre heures de train devant vous et qu'il vous faut quelque chose pour vous occuper.
Mais pourquoi donc ? C'est sans doute à cause de l'intrigue. Les évènements sont plutôt prévisibles. C'est du vu et du revu. J'ignore si en 1977, la tournure des évènements était très originale, mais maintenant, vous regardez trois-quatre films à suspens ordinaires dans votre vie, et vous êtes au courant du déroulement de l'intrigue de La nuit du renard. De plus, le kidnappeur m'a franchement déçu. C'est un concentré de tous les stéréotypes du criminel qui soient. C'est un peu dommage, je trouve.

Pour résumer, La nuit du renard est un roman à suspens sympathique; l'histoire, malgré son manque d'originalité, est plutôt bien construite, les personnages sont tous attachants, bien que le coupable n'est qu'un gros stéréotype, le style d'écriture est maîtrisé mais pas magistral et il est relativement court. Je le conseille donc à tous ceux qui ont un peu de temps pour lire un livre sympathique mais pas extraordinaire.

vendredi 12 août 2011

Hanako et autres légendes urbaines

(Sakae Esuno – 
publié en France en 2010 par les éditions Sakka)


Dessiné en quatre tomes par Esuno Sakae (plus connu en France pour Mirai Nikki, sa seule autre œuvre majeure pour l'instant), Hanako et autres légendes urbaines traite, comme son nom l'indique, des légendes urbaines.
Cet œuvre part d'un principe assez simple: il ne faut surtout pas croire aux légendes urbaines. Car ce n'est qu'à partir du moment où vous y croyez qu'elles deviennent vraies. Néanmoins, l'agence Asô, détective des fables, pourra encore vous sauver...
On suit ainsi les différentes affaires que traite le détective Asô et ses partenaires, Hanako, légende urbaine hantant les toilettes et Kanae, simple fille ayant été sauvée par le détective lors d'une affaire.

Hanako et autres légendes urbaines est avant tout un manga épisodique. Chaque affaire peut être lu séparément et dure plus ou moins longtemps selon les histoires. Chaque affaire correspond à une légende urbaine connue (au Japon, du moins) telle que « la femme défigurée » ou « l'homme sous le lit ». Les bonus sont aussi remarquables, puisque l'auteur prend le temps d'expliquer un peu l'origine de la fable.
Chaque histoire est vraiment intéressante et les rebondissements sont nombreux. L'auteur maîtrise indubitablement bien l'enchainement des évènements et sait tenir son lecteur en haleine.
De plus, malgré son statut de manga épisodique, il ne possède pas le défaut commun à (presque) tous les mangas du genre: une fin ouverte qui aurait très bien pu continuer. Au contraire, l'histoire finale conclut à merveille l'œuvre et est riche en rebondissement. (Bien que pour pouvoir l'apprécier pleinement, il aurait fallu ne pas connaître le nombre de pages restantes et donc, les volumes reliées ne sont pas le support idéal, mais bon, lire des scans, c'est le mal, donc je ne vais pas le conseiller autrement...)

En plus de l'histoire, les personnages sont plutôt intéressants et attachants. Leurs relations évoluent au fil des affaires qu'ils traitent et on découvre aussi leur passif à travers elles. Néanmoins, seuls les trois personnages principaux sont aussi bien travaillés; les divers figurants qui apparaissent au cours des enquêtes ne sont pas vraiment dignes d'intérêt, à part qu'ils permettent l'introduction des fables et donc de l'affaire. En tant que personnage, on ne s'attache pas vraiment à eux, ce qui n'est pas plus mal, puisqu'on ne les revoit pas...

Après avoir parler du fond, parlons de la forme. Déjà, quatre tomes, c'est court, c'est bien. A tous ceux qui ont peur (ou pas assez d'argent pour) des séries longues, je fais ici un appel: Ce manga est bien et court! On a pas trop de sentiment de trop peu, non plus! (Un peu, parce que zut, mais pas trop, parce que c'est bien mené...)
D'un point de vue graphique, je trouve le style maîtrisé: on comprend bien les scènes d'action, les proportions sont respectées et le dessin n'est pas choquant. Esuno Sakae n'a pas un style graphique extraordinaire, mais il reste correct.
Non, ce que maîtrise vraiment l'auteur; c'est la mise en scène. Le découpage des pages est bon et on tourne souvent la page pour découvrir quelque chose d'inattendue.

Pour conclure et résumer, ce manga est très bon. Le principe, les affaires traitées et les personnages sont intéressants – bien que les figurants le sont beaucoup moins, même si cela s'explique par le format épisodique du manga. L'œuvre possède ainsi sa propre originalité et a, chose rare à cause du format, une fin magistrale. Le graphisme est correct mais c'est surtout la maitrise de la mise en scène et des rebondissements qui sont à souligner chez cet auteur.
De plus, le manga étant court, je peux le conseiller à tous, même aux plus pauvres d'entre nous.

mercredi 10 août 2011

Tetsuwan Birdy DECODE

(A-1 Pictures – 2008-2009)


La vie de cet œuvre a été semée d’embûches. Le manga d'origine (inédit en France), commencé en 1985, connut une adaptation animée en quatre OAV (inédite en France) pour ensuite tomber dans l'oubli de son propre auteur, Masami Yuki (plus connu en France pour son manga Patlabor, d'ailleurs), en 1988, au profit d'une autre de ses séries. C'est en 2003 que l'auteur décide de recommencer à dessiner Birdy The Mightly (inédit en France) depuis le début afin de l'adapter au nouveau public du magasine pour lequel il travaille et de finir son manga en 20 tomes. En 2008, A-1 Pictures s'inspire de la version remaniée par l'auteur pour pouvoir diffuser l'anime que je vais désormais critiquer: Tetsuwan Birdy DECODE (seule la première saison est sortie en France grâce à Ankama).


L'action se déroule sur Terre: Birdy, enquêtrice de la police de la fédération spatiale s'y est en effet rendue afin d'arrêter les agissements d'un certain criminel; Geega. Cependant, au cours de son enquête, alors qu'elle se trouve face à face avec le criminel, elle tue malencontreusement un terrien, Senkawa Tsutomu, lycéen banal à temps plein.
Afin de ne pas le laisser mourir à cause de son erreur, Birdy accepte sa conscience dans son propre corps; c'est ainsi que les vies de l'enquêtrice et Tsutomu se retrouveront entremêler, non sans difficulté...

Deux personne dans un même corps: la coopération mutuelle s'impose...

Personnellement, j'ai toujours beaucoup aimé le principe de un corps, deux personnes ou bien le fait que le héros doit essayer de vivre tout en cachant quelqu'un qui est toujours avec lui (genre Midori Days, pour ceux qui connaissent...) donc l'histoire m'accrochait déjà, avant même que je commence à regarder l'anime. Et ma foi, le reste ne m'a pas déplu non plus.
Les deux faces de la vie des héros sont tout aussi intéressantes: alors que lorsque c'est Tsutomu qui contrôle le corps, l'anime appartient facilement au genre du tranche de vie, lorsque Birdy reprend les commandes, on tourne vite à de la science-fiction mêlée à de l'action.
Le fait que l'anime possède deux facettes est aussi plutôt appréciable: on a ainsi pas le temps de se lasser d'aucun des deux aspects, d'autant que l'intrigue se déroule à un rythme assez soutenu.
L'univers est aussi plutôt bien travaillé, bien qu'un tant soit peu classique.

En ce qui concerne les personnages, les héros sont bien évidemment plus travaillés que les autres. Pour simplifier, on peut dire que la première saison se concentre principalement sur Tsutomu tandis que la deuxième porte davantage sur Birdy. Les personnages secondaires sont ni trop fades, ni exceptionnels; je dirais qu'ils sont un peu stéréotypés sans être énervants non plus.
Les ennemis sont sans doute ce qui a été le plus loupés dans cet anime; disons qu'ils sont vraiment stéréotypés et qu'ils ont une tête à dire: « Regardez-moi, je suis méchant, mhahaha ». Pour preuve, voici l'un d'entre eux (pas le plus grand, mais tout de même):

« Ha ha ha ha ha! Je suis le méchant et je veux tuer la gentille! »
(Si vous savez pas d'où ça vient, allez bosser vos références comiques...)

Néanmoins, ce défaut sera corrigé dans la deuxième saison, qui est la suite directe de la première (d'où mon choix de les rassembler en une seule critique...).
A propos de la deuxième saison, on peut remarquer un point positif assez rare dans les animes adaptés depuis des mangas à rallonge qui ne couvre pas toute la série: cela ne se finit pas avec un sentiment de « Raaah, je veux voir la suite mais je peux pas!!! ». La fin de l'anime conclut pas trop mal l'œuvre donc même si on sent que ça peut continuer, on ne se sent pas délaissé. Et ça fait tout de même plaisir...

D'un point de vue graphisme, le studio a fait un bon boulot. Les couleurs sont maîtrisées et le design est plutôt bon. On peut aussi souligner une animation fluide, notamment lors des combats, même si lors de la seconde saison, cela se fait au détriment d'un graphisme simplifié.
Parlons un peu des musiques, maintenant. La bande-son est plutôt pas mal et s'accorde bien avec l'action. Certaines musiques sont même dignes d'être écouté en dehors de l'anime, à mon sens.
En ce qui concerne les génériques, par contre, je ne les trouve pas terrible. Le début de l'ending de la première saison est sympathique, mais c'est bien tout. Bah, on ne peut pas tous avoir...


Pour conclure, Tetsuwan Birdy DECODE est un bon anime. Construite principalement autour des deux héros qui partagent le même corps, l'intrigue comporte deux facettes qui s'opposent et se complètent à la fois. L'histoire s'enchaine assez rapidement et l'univers ainsi que les personnages secondaires, bien que classiques, restent intéressants. Donc malgré le fait que les méchants de la première saison soient stéréotypés, l'anime est à conseiller à tous ceux qui ont envie de passer un bon moment sans trop se prendre la tête.

lundi 8 août 2011

A.I. Intelligence Artificielle



IMPORTANT : 
J'ai vu ce film en VO, je ne peux donc pas donner mon avis sur le doublage et il se peut que certains noms de lieux/personnages soient différents en VF par rapport à cette article.


Réalisé par Steven Spielberg (que l'on ne présente plus), A.I. S'inspire ouvertement de la nouvelle (inédite en France) intitulée Super-Toys Last all Summer Long (Les super-jouets durent tout l'été pour les anglophobes), écrite par Brian Aldiss en 1969.

L'action prend en effet place dans un futur pas si éloigné que ça, ravagé par le réchauffement climatique et où les robots ont remplacé les hommes d'abord pour les taches les plus ingrates mais aussi dans d'autres domaines. C'est dans ces « autres domaines » que Cybertronics, une société de fabrique de robots, a décidé d'exercer son art en fabricant le robot ultime, capable de ressentir le sentiment le plus humain qu'il soit: l'amour. Car, oui, dans ce futur où les naissances humaines sont contrôlées par nécessité, des milliers de couples ne désirent qu'une chose: un enfant aimant. Et c'est ce que la société, en mettant au point « David », va tenter de fournir à Monica et Henry, un couple dont l'enfant est « mort ». Mais comment aimer et être aimé d'une machine...?
Car là et tout le souci du film. Comment peut-on aimer une machine ? Même si celle-ci nous voue un amour sans limite, peut-on se prendre d'affection pour un être qui peut survivre sous l'eau, qui ne partage pas la même logique que les hommes, qui ne mange pas, ne dort pas ? C'est sans doute ces nombreuses différences qui effrayeront Monica, sa mère adoptive...

Ce regard insistant et si peu discret peut-il susciter l'affection de ses parents adoptifs, à peine remis de la perte de leur fils biologique ?

Comme vous pouvez le constater, ce film soulève de nombreuses polémiques et questions métaphysiques (car oui, il y en a d'autres, mais je ne les aborderai pas ici, pour ne pas dévoiler davantage l'intrigue). Mais ce n'est pas le seul attrait du film.
Je tire tout d'abord mon chapeau aux acteurs, particulièrement à ceux interprétant des robots pour avoir su rendre aussi bien le côté robotique et la personnalité de leurs personnages (Jude Law, je ne te connaissais pas, désormais je t'admire).
De plus, même si Steven Spielberg n'est pas toujours synonyme d'excellence (je suis navrée, je n'ai pas été très emballée par E.T l'extraterrestre, personnellement), il faut lui reconnaître une certaine maitrise du septième art, ce qui nous offre un film de qualité cinématographique acceptable : les plans sont recherchés, les scènes sont toutes justifiées d'une manière ou d'une autre et de durée suffisante.
Je ne maitrise hélas qu'assez peu tout ce qui touche l'aspect cinématographique donc je ne peut pas m'étendre plus longtemps là-dessus.
Parlons de ce qui m'a vraiment plu. L'univers. Le film durant environ deux heures et demi, le réalisateur a eu largement le temps de mettre en place un univers à la fois cohérent et complet. De plus, le deuxième acte du film (car ne croyez pas que le synopsis que j'ai mis au début de cet article raconte l'intégralité de l'histoire: le film se coupe en trois actes et je vous ai à peine ébauché le premier), s'inspirant ostensiblement de l'œuvre de Carlo Collodi, nous permet de sortir du cocon originel de la maison et de découvrir ce monde à la fois si différent mais tellement cohérent qu'il pourrait en devenir vrai.

De nos jours, lorsque nous avons une question, on « demande » à google; et bien, voici le google du futur: Doctor Know!

En ce qui concerne l'histoire, elle n'est évidemment pas originale (déjà, elle s'inspire de deux œuvres différentes) mais n'en reste pas moins intéressante voir même attrayante. Ceci est sans doute du aux personnages: déjà, David, le robot aimant interprété par Haley Joel Osment est très attachant grâce à non seulement son désœuvrement face à la complexité humaine et sociale, mais aussi grâce à sa détermination envers l'objectif qu'il s'est fixé par amour. Mais il ne faut pas délaisser les personnages secondaires qui donnent la force de ce film: des simples figurants tels que les robots rencontrés aux adjuvants importants tels que Gigolo Joe, interprété par le déjà cité Jude Law ou bien Teddy, le nounours-confident-ami de David.

Teddy, qui malgré l'ancienneté de son programme saura montrer une personnalité bien à lui.

Enfin, parlons musique, l'âme de l'ambiance des films. Ici, un nom: John Williams. Qui ne connait pas John Williams, le compositeur si célèbre des musiques de Star Wars, d'Indiana Jones, d'Harry Potter (seulement les trois premiers), des Dents de la mer et j'en passe ? Et oui, un bien grand nom.... Mais hélas, dans ce film, ce n'est qu'un nom: la musique est invisible. Pas désagréable, loin de là, mais pour tout vous dire, je l'ai oublié. On n'aura donc pas le droit d'avoir une nouvelle musique à adorer et à réécouter avec ce film. Dommage...


Concluons et résumons pour ceux qu'on a perdu en route: Ce film est vraiment bien. Des personnages attachants interprétés par des acteurs compétents, une bonne, bien que traditionnelle, structure scénaristique en trois actes, un univers travaillé et cohérent, donc, à part des musiques plus remarquables, que demander de plus ?