mercredi 17 août 2011

Metropolis


(Fritz Lang – 1927)


(Je m'excuse d'avance pour la qualité variable des screenshots; ils ne sont pas de moi, vu que je l'ai vu au cinéma, je n'ai pas pu en prendre...)

L'histoire du film est presque aussi intéressante que le synopsis, dans le cas de Metropolis. En janvier 1927, Metropolis fut programmé dans sa version complète dans quelques salons comme cela se faisait à l'époque. Néanmoins, devant le manque de succès, les producteurs décidèrent de tronquer le film pour la sortie nationale en été.
A cause de cela, beaucoup de parties essentielles du film ont été perdues pendant des décennies. Cependant on découvrit à Buenos Aires un négatif du film presque complet en 2008. Celui-ci a été acheté par un producteur brésilien qui a vu le film en version complète en janvier 1927.
Ainsi, la version que j'ai vu est la version où la reconstitution du film est la plus aboutie (il manque une scène) et qui dure 2h27 alors que l'original dure 2h33 (longueur exceptionnelle pour l'époque, au passage).

Voici pour l'anecdote, passons au film en lui-même. Métropolis est d'abord le nom d'une ville séparée entre la ville haute, où les dirigeant vivent dans le luxe et la ville basse, les Profondeurs, où les travailleurs s'acharnent à faire fonctionner la ville.

Les deux parties de la ville, aussi opposées que complémentaires.

Maria, habitante de la ville des travailleurs, rêve d'égalité et emmène des enfants d'ouvriers dans le « club des fils » de la ville haute, leur présentant les personnes présentes comme leurs frères. Ce qui marqua le jeune Freder Frederson, qui tomba amoureux d'elle.
Ceci ne vous rappelle rien ? Les ouvriers d'un côté, les dirigeants oisifs de l'autre... C'est en effet une idée bien communiste! Mais plus que l'abolition des classes, Fritz Lang prône davantage la réconciliation des classes. Bien qu'à l'origine, paraît-il, il voulait faire abolir les classes dans son film, il a du en changer le contenu, à cause de l'influence de sa femme, qui penchait vers les idées fascistes, et la réconciliation des classes en est une...

Personnellement, ce que j'ai beaucoup aimé dans ce film, c'est la vision que le réalisateur a du futur. Ne connaissant pas l'informatique, il imagine d'énormes machines à vapeur dont les ouvriers doivent s'occuper constamment pour les faire fonctionner. (La genèse du steampunk, pour les connaisseurs...)
De plus, je trouve les décors extrêmement bien réalisé. L'image de synthèse n'existant pas à l'époque, l'équipe de tournage devait fabriquer les décors (certaines machines sont de cette ordre là) ou les peindre. Et l'illusion est là; on sent que la ville est vivante.
L'histoire m'a aussi bien plu. On s'attache aux personnages, la mise en scène et les acteurs y jouent beaucoup, un débat sociologique, qu'il nous plaise ou non, est ouvert, une morale est donnée. Vraiment, je trouve ce film bien réalisé et profond.
Parlons des acteurs, maintenant. Ce film étant muet, il y a deux choix: soit les acteurs sont mauvais et on ne comprend rien, soit ils sont excellents et le message passe. Vous vous en doutez, les acteurs de Metropolis sont de la deuxième catégorie. Leurs mimiques, leur jeu et même leur regard, ils font tout pour exprimer les pensées, la personnalité de leur personnage, ce qu'ils réussissent avec brio.

Comment une actrice arrive à jouer deux rôles: tout est dans le regard...

Pour la musique, l'âme des films surtout muet, je ne peux hélas pas vous le dire. Non pas qu'elle était mauvaise; au contraire, elle collait à la perfection au film et ne faisait que renforcer la profondeur du film, mais l'ayant vu en ciné-concert et ne sachant pas si les ciné-concerts, c'est la musique que l'équipe de tournage décide ou l'interprétation du pianiste (mes sources diffèrent), je ne sais, si vous le voyez un jour, si vous aurez la même musique que moi. Sachez que Jean Cambra accompagne très bien ce film.
Parlons des défauts (c'est un bien grand mot) de ce film. Tout d'abord, il est arrivé une ou deux fois que le film traine en longueur. Certaines scènes sont prolongées sans nécessité, même si c'est rare.
Autre chose, mais là, je soupçonne la reconstitution, des fois, pendant une scène, une autre scène apparaît alors qu'elle s'est déjà terminé avant, pour reprendre juste après la scène interrompue. De même, c'est assez rare, mais ça arrive. Un autre défaut technique, mais lui étant avéré: la qualité de l'image est inégale. Ceci est du au négatif récupéré à Buenos Aires: celui-ci était du 16 mm et non du 35 mm, comme le reste de la bande. Je tiens tout de même à préciser que cela ne gêne ni la compréhension, ni l'appréciation du film; je dirais même que ça rajoute du charme.
Enfin, le film est muet. Ah, les films muets! Que de préjugés négatifs sur les films muets! Déjà, le noir et blanc c'est limite, mais alors le muet! Non, sans rire, je n'avais pas du tout d'à priori sur les films muets, d'autant que j'en ai déjà vu, alors je ne peux pas vous dire que Metropolis les a détruit, mais il faut arrêter de rejeter des bons films sous prétextes du manque de moyens techniques de l'époque. C'est comme si vous me disiez que vous n'irez pas voir un film s'il n'est pas en 3D. C'est absurde! Un film peut être bon, quelque soit l'époque où il a été tourné. Certains films vieillissent mal, c'est vrai, mais le professionnalisme de la réalisation, des décors, des acteurs, dans Metropolis font que, malgré son âge, il reste un chef-d'œuvre.

Je reprends donc pour ceux qui ont arrêté de suivre et ceux qui ont la mémoire courte: Metropolis est un chef-d'œuvre. Les décors sont parfaitement bien réalisés, les acteurs sont excellents, la musique (de Jean Cambra) accompagne le film à merveille, l'intrigue est bien menée, l'histoire est profonde et ouvre un débat intéressant alors à part quelques défauts techniques dus à la reconstitution morcelées et même s'il est muet, je le conseille à tous, ne serait-ce que pour votre culture cinématographique, le film étant culte et source d'inspiration de nombreux auteurs/réalisateurs.

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