jeudi 23 août 2012

Emma


(MORI Kaoru – Publié en France dès 2007 par les éditions Kurokawa)

Emma place son intrigue à la fin du XIXe siècle. Alors que William Jones décide de rendre visite à son ancienne institutrice, Madame Stownar, il rencontre Emma, la domestique de la maison, dont il n'est pas indifférent...
Publié en dix tomes, ce manga conte donc l'histoire de cet amour interdit entre un gentilhomme et une domestique à l'ère victorienne.

L'histoire, qui suit les lignes les plus classiques qu'il soit, n'est pas vraiment ce qui donne la qualité de ce manga. Évidemment, elle contente tous ceux qui ne cherchent pas plus qu'une simple romance dramatique.
Non, le véritable intérêt de Emma est ses personnages. Cet œuvre foisonne de personnages secondaires et finalement, plus que les personnages principaux, ce sont eux qui sont vraiment intéressants et attachants. L'auteur, elle-même, s'en est rendu compte, et, alors que l'histoire principale se termine en sept volumes, elle a décidé de reprendre la série pour conter le devenir ou le passé des différents adjuvants en trois tomes. Bien sûr, on ne les rencontre qu'à travers les personnages principaux, qui évoluent eux aussi au fil de leurs rencontres.

C'est ainsi la vie, la personnalité, les problèmes des protagonistes qui reflètent l'ère victorienne illustrée dans ce manga. Plus que la romance, c'est le quotidien et l'ambiance qui s'en dégage qui rendent l’œuvre attrayante. Mori Kaoru s'est d'ailleurs très bien documentée sur l'époque, allant même jusqu'à chercher exactement les objets existants durant cette ère, l'architecture, les mœurs pratiquées, les événements aillant eu lieu ; son histoire y gagne ainsi en profondeur et en réalisme.

Je mets au défi un seul connaisseur de trouver un objet qui n'existait pas à l'époque...

Le dessin de l'auteur est d'ailleurs très appliqué et propre – malgré le fait que ce soit le premier manga de l'auteur – ce qui accentue l'ambiance posée du manga. D'ailleurs, même si l'intrigue en elle-même est très classique, la narration est vraiment réussie, choisissant d'accentuer davantage le lyrisme que l'action ; le sous-entendu plutôt que la démonstration.

En somme, Emma est un très bon manga romantique. Il décrit à merveille l'Angleterre de l'époque victorienne à travers des personnages, surtout secondaires, attachants, un dessin fluide et une recherche excellemment bien documentée tout cela englobé dans une ambiance posée, à l'image de l'héroïne.
C'est donc un manga que je conseille à tous ceux qui veulent visiter cette époque anglaise qui fascine autant les japonais que les européens à travers la vie quotidienne des deux classes et une romance qui les entremêle, certes classique, mais très bien contée.

jeudi 9 août 2012

Le cri de la chair

(José Bénazéraf – 1961)


Sorti en 1963, Le cri de la chair (ou L'éternité pour nous) est réalisé dans l'élan de la Nouvelle Vague. Ce courant cinématographique français de la fin des années 50 s'est donné pour objectif de révolutionner le cinéma, qui n'avait alors que peu d'ambition, adaptant simplement des romans à l'écran. Cela se traduit par les nouvelles méthodes de tournage (on préfère le tournage en plein air à celui du studio), les héros (souvent des jeunes hommes oisifs en quête d'indépendance sans réelle attache avec la société – ainsi que ses lois) et une nouvelle philosophie du cinéma qui n'a plus pour objectif de montrer la réalité telle qu'elle devrait être mais de représenter une réalité, en sachant qu'il ne s'agit que de celle d'un film.

Ainsi, le film de José Bénazéraf raconte l'histoire de Jean-Marc, pianiste raté qui se fait embaucher dans une boîte de la Côte, avec sa maîtresse Brigitte, une danseuse strip-teaseuse. Mais le propriétaire, Barnier, agonise depuis des mois, ce qui ne semble pas déplaire à sa femme, Maria...
Ce film est considéré comme un film érotique, même si, à mon humble avis, à part sa tendance à concentrer la caméra sur la poitrine des actrices, il n'est pas plus érotique qu'un autre film de nos jours...

Non, ce film est avant tout...complètement...hilarant ! En regardant le synopsis, on ne dirait vraiment pas et en effet, ce film n'est pas censé être une comédie, et n'a aucun but burlesque.
Cependant, il atteint tellement profondément les abysses de le nullité absolue qu'il en devient comique.
L'histoire est complètement tordue et funambulesque que ça en devient ridicule. Tout ces « c'est moi qui l'ai tué », « C'est toi qui l'as tué ? », « Cela ne peut être toi, puisque c'est moi qui l'ai tué », « Non, c'est moi qui l'ai tué » rend l'histoire complètement abracadabrante. De plus, les relations entre les personnages sont du même acabit, ce qui agrandit le maelström déjà présent.

Mais le mieux (ou le pire, je ne sais plus) dans tout cela, c'est la nullité des dialogues.
Juste pour pour vous donnez un exemple, il y a un dialogue (voir même plusieurs...), peu importe le contenu, où Jean-Marc et Brigitte discute. Bon, jusque là, c'est normal. Mais tout le dialogue consiste en Brigitte parle, Jean-Marc répète ce qu'elle dit avec un point d'interrogation à la fin. C'est complètement nul ! Mais c'est du comique de répétition par excellence !

Pour conclure et résumer, Le cri de la chair est un film qui est sensé être sérieux, mais l'histoire est tellement absurde, les personnages tellement niais, les dialogues tellement nulles qu'il en devient hilarant. C'est un chef-d’œuvre de la nullité ! Un vrai nanar !
Mais c'est vrai que cela reste difficile à conseiller ; ce film est tout de même complètement nul. D'un autre côté, on cherche tellement à voir que des films bons ou des chef-d’œuvres que cela fait du bien de voir un vrai nanar une fois de temps en temps.
Alors je le conseille vraiment à tout le monde. Parce qu'un nanar aussi drôle, on n'en trouve pas souvent, alors il vaut vraiment le coup-d’œil.