vendredi 14 septembre 2012

Umineko no Naku Koro ni


(7th Expansion – 2007)

Umineko no Naku Koro ni (Lorsque les goélands pleureront en français) est le second opus de la série When They Cry, qui inclus Higurashi no Naku Koro ni (Le sanglot des cigales, dans sa version française), série de visual novel développée par l'excellent groupe amateur 7th Expansion. Les deux œuvres sont certes légèrement liés, mais la lecture de Higurashi n'est pas nécessaire pour lire Umineko.

Plus qu'un visual novel, cependant, Umineko se présente comme un sound novel ; mettant davantage l'accent sur les musiques que sur l'aspect graphique. Ainsi, la bande son du titre est immense, comportant plus de 190 musiques.
Mais la quantité ne se fait pas au détriment de la qualité : Umineko a sans doute l'une des OST les plus réussie que j'ai jamais entendu. Non seulement elles sont très bien, voir certaines divines, mais en plus, elles, ainsi que les bruitages, accompagnent à merveille l'histoire qui se narre dans le roman, avec un timing parfait.

Néanmoins, l'aspect graphique est beaucoup moins réussi ; les dessins des personnages, notamment, font très amateurs (bien que moins que leur précédent opus, Le sanglot des cigales, où certains personnages n'avaient que trois doigts...). Cela décourage hélas beaucoup certains puristes à lire ce sound novel, même si, franchement ce n'est pas si gênant. Je dirais même qu'au fil de la lecture, on s'attache énormément à ce graphisme, qui reste très expressif, au point de trouver le character design de l'anime fade...

Croyez-moi, si ces dessins-là vous gênent au point d'éviter de lire l’œuvre, vous loupez quelque chose...

Pour les arrière-plans, les développeurs ont pris le parti de retoucher des photos de manière très floues, ce qui donne une ambiance particulière :


La question reste à savoir pourquoi donc Umineko est si bien ? Ce n'est évidemment pas que grâce à sa musique... C'est son histoire qui le rend exceptionnel. Histoire, hélas, très dure à raconter...
Le titre est en effet assez long et les choses ont bien le temps de changer ; Le VN se découpe lui-même en deux opus : Umineko no Naku Koro ni rassemble les quatre premiers épisodes, qui posent les questions et Umineko no Naku Koro ni Chiru rassemble les quatre autres épisodes, qui répondent à certaines de ces questions.

Umineko est un roman à la fois policier et fantastique. Il commence tel les plus grands classiques du genre : La famille Ushiromiya, famille japonaise aisée grâce au succès de Kinzo Ushiromiya, se rassemble, comme tous les ans, dans la demeure du chef de famille, sur l'île de Rokkenjima qu'il possède toute entière. En pleine réunion de famille, les Ushiromiya reçoivent une mystérieuse lettre : Béatrice, alchimiste attitrée de la famille, annonce la fin de son contrat et demande la restitution de son dû : une vaste quantité d'or qu'elle avait prêté à Kinzo. La seule issue est de retrouver l'or avant le temps imparti et rien ne sera repris. Mais simultanément, une série de meurtres débute sur cette île isolée par un typhon...

 Béatrice, cette sorcière mythique, semble errer tel un fantôme dans le domaine ; est-elle donc la perceptrice de ces cruels meurtres ?

L'histoire de Umineko prend énormément de temps à se mettre en place : on peut dire que tout le premier épisode – qui dure une petite dizaine d'heures – sert d'introduction à la série et que le synopsis ci-dessus ne vous décrit en rien l'impressionnante adresse scénaristique des développeurs. L'histoire prendra en effet un tour nouveau à la fin de l'épisode qui rend le titre exceptionnel, et non simplement une œuvre parmi d'autres dans un genre connu et reconnu.
Mais hélas, pour ne pas vous révéler quoi que ce soit, je ne peux vous le dire ; sachez juste que l'intrigue vaut vraiment, mais vraiment la peine d'être lu.

De concert avec la passionnante intrigue du titre, les personnages se révèlent eux aussi très intéressants et certains même très attachants ; chacun seront plus ou moins développé au fil du jeu, bien qu'évidemment certains plus que d'autres. Les personnages principaux restent les plus intéressants de tous, notamment l’intrigante antagoniste...

Umineko présente cependant un autre aspect. Bien que ce soit un kinetic novel qui ne laisse aucun choix au lecteur, qui ne peut donc que lire, 7th Expansion ne voulait pas que les lecteurs restent inactifs. Empruntant de nombreux procédés au genre policier, à l'instar de celui-ci, Umineko se veut soluble pour le lecteur. On peut ainsi se prendre au jeu et essayer de comprendre qui, comment, voir même pourquoi les meurtres ont été accomplis. L’œuvre offre ainsi de nombreux outils au lecteur tels que des schémas, le menu et des indices sûrs pour le guider.

Umineko joue beaucoup sur les meurtres à chambre close, préparez-vous, ils ne sont pas simples à résoudre...

Cependant, vos théories ne seront jamais vérifiées ; le jeu ne donnera pas la réponse du comment de ces meurtres mais uniquement du pourquoi dans ce fameux Umineko no Naku Koro ni Chiru cité précédemment. De plus, se laisser prendre au jeu est passionnant et rend la lecture d'autant plus intéressante mais c'est TRES dur. Les meurtres sont accomplis de telle manière qu'on pourrait presque les croire.... magiques.

Pour conclure, Umineko no Naku Koro ni est un chef d’œuvre. Ce kinetic novel présente une histoire divinement intéressante avec des personnages attachants et intrigants, malgré un début certes bien, mais tellement faiblard par rapport au reste du titre. Mais l'intrigue n'est pas l'unique point positif : la musique rend l’œuvre magistrale. Le défaut d'Umineko qui se tient dans ses dessins n'en est même pas un, puisque finalement, au fil de la lecture, ils vous paraîtront tout à fait appropriés, tant ils peuvent être expressifs.
C'est donc une œuvre que je recommande à tous, pour l'excellence de son intrigue, de ses personnages et de sa musique ; de sa globalité.

Cependant, je tiens à souligner une chose : il y a en effet un anime, que beaucoup diront bon... Ne vous faites pas leurrer ! L'anime n'est bon que parce que le visual novel est excellentissime ; il est tellement fade à côté de l'original ! Préférez le visual novel lorsque vous vous lancez dans cette œuvre !

Critiques sur les visual novel


Après maints débats intérieurs, j'ai décidé de commencer à faire des critiques sur les visual novel. En effet, même si le genre est quasiment inconnu en France, il existe quelques perles qui méritent d'être commentées et j'y consacre suffisamment de temps pour me considérer comme une lectrice de ce type de « jeu ».

Néanmoins, le genre est complètement étranger au public francophone (à deux exceptions officielles près, à ma connaissance) et mérite donc éclaircissement, d'où cette news, qui fera davantage office d'explication d'un genre que de critique. (Pour ceux qui savent déjà ce qu'est un visual novel, le jeu va être d'essayer de savoir d'où vient chaque image ; les réponses seront à la fin.)

Déjà, la question se pose : qu'est-ce qu'un visual novel ?
Comme son nom l'indique, un visual novel (« roman visuel » pour les anglophobes) est un roman. Il n'est cependant que sur ordinateur (ou sur console) et, profitant de sa condition numérique, possède aussi une ambiance graphique et sonore.
Pour simplifier, un VN est donc un roman avec des images et de la musique. Cependant, il possède d'autres caractéristiques qui le rapproche d'avantage du jeu vidéo, ce que de nombreuses personnes pensent qu'il est.










Il existe plusieurs interfaces de visual novel, qui traduisent généralement les différents degrés d'implication du lecteur. Plus le texte prend de place sur la page, moins le lecteur a de choix à faire.


Car, en effet, la plupart des VN sont interactifs ; selon les choix faits par le lecteur, différents événements prendront place et différentes fins s’offriront à lui. En cela, le VN s'approche d'un roman de la série « les livres dont vous êtes le héros », étant très souvent écrit à la première personne.

Certains vont même plus loin dans l'interaction et s'approche là plus du jeu d'aventure.
Il faut ici examiner la scène afin de résoudre le crime ; bonne chance...

Cette interaction peut être prise à la fois comme un avantage et un défaut : même si cela rend le lecteur plus impliqué dans l'histoire, toutes les fins sont généralement aussi intéressantes les unes que les autres et donc nous poussent à tout essayer, ce qui peut s'avérer très long pour certaines œuvres...
Bien sûr, certaines fins sont privilégiées ; on parle bien de « good end » (bonne fin), « bad end » ou « wrong end » (mauvaise fin) et de « true end » (vraie fin) : cependant, même ce qu'on considère comme une « wrong end » a son intérêt, dans le sens qu'elle peut apporter des éléments supplémentaires à l'univers, à la psychologie des personnages voir même à l'intrigue.
La plupart des visual novel fonctionne aussi avec le principe de routes ; c'est notamment le cas lorsque l'histoire a une portée romantique. Les choix du lecteur décident ainsi avec qui le héros va avoir une relation romantique, lorsqu'il y a plusieurs héroïnes.
Il faut tout de même préciser qu'il existe des VN qui ne sont pas interactifs, que les puristes appellent des kinetic novel, même si ce n'est certainement pas la majorité.

Autre point qui rend le genre assez élitiste ; pratiquement tous les visual novel sont issus du pays du Soleil Levant et ne sont jamais sortis dans la langue de Molière, à l'exception du Sanglot des cigales (Higurashi no Naku Koro Ni) – qui est un must du genre – et de Anamnesis, le seul VN francophone à ce jour, fait par des fans, pour des fans.
Ainsi, pour aborder ce type de romans, il faut soit parler japonais, soit parler anglais car de nombreuses traductions amateurs existent. Je tiens d'ailleurs à préciser que la grande majorité des futurs critiques de VN que je ferais seront, sauf précision, à partir de la version traduite par des amateurs – dite « patchée », pour ceux pour qui cet univers est complètement inconnu – c'est-à-dire, en anglais.

Dernier point à aborder sur le genre et si j'ai oublié certaines caractéristiques, cela viendra au fur et à mesure des critiques, la plupart des VN, mais pas la totalité, sont des eroge, un « jeu » à contenu érotique, sans que cela tourne à la pornographie pour autant. Il est donc normalement conseillé qu'en dessous de 18 ans, vous ne les lisiez pas.
De même, certains peuvent décrire des situations assez déplaisantes et certains choix moraux peuvent blesser la sensibilité des plus fragiles. Ce n'est bien sûr pas le cas de tous, mais je pense pouvoir affirmer sans trop me tromper que la grande majorité des visual novel ont soit un contenu érotique, soit des choix moraux controversés ou des situations à caractère violent, voir même les deux. Mais il y a bien sûr des exceptions (Non, non, je ne pense pas du tout à Clannad, enfin, voyons...) et les versions console des titres sont généralement censurées.

Pour résumer, un visual novel est un genre de roman généralement interactif qui ajoute une dimension visuelle et musicale au texte et qui peut comporter plusieurs visions et fins d'une même histoire. Le genre reste cependant assez élitiste, n'étant pas vraiment sorti officiellement en dehors de l'Archipel et n'étant pratiquement disponible qu'en anglais ou en japonais. Pour optimiser cette isolation que peut avoir ce genre, la plupart des VN ne sont pas autorisées par nos normes pour un public mineur, comportant souvent un caractère érotique ou/et violent, que cette violence soit morale ou physique (pour les protagonistes).

Et pour ceux qui ont essayé de deviner les visual novel des images, voici les réponses, dans l'ordre d'apparition, de gauche à droite et de haut en bas :
Kara no Shoujo
Saya no Uta
Swan Song
Sharin no Kuni – Himawari no Shoujo
De nouveau Kara no Shoujo