(Genco – 2003)
Je vais ici vous parler de l'une de mes œuvres favorites, l'un de mes plus grands coups de cœur, mais malheureusement inconnu: L'Odyssée de Kino.
L'Odyssée de Kino (Kino no Tabi, de son vrai nom) est avant tout un roman (light novel, pour être précis) signé Keiichi Sigsawa (aussi « connu » pour Allison, une série de romans dont l'adaptation animée, Allison to Lillia, et les romans sont inédits en France). Commencée en 2000, la série compte 14 tomes aujourd'hui. Inédite en France, Tokyopop, éditeur germano-américain, a commencé à la traduire dans la langue de Shakespeare mais a du s'arrêter dans cet élan généreux juste après le premier tome à cause de certains problèmes avec les éditeurs japonais.
Ainsi, le seul moyen pour quelqu'un ne pratiquant pas la langue du pays du Soleil Levant de connaître cette œuvre est de regarder l'adaptation animée licenciée par Kaze que je m'apprête à critiquer.
Kino, accompagnée d'Hermès, une moto parlante, voyage de pays en pays dans le magnifique monde dans lequel elle vit. Son monde est certes beau mais ce n'est pas de la beauté telle qu'on la conçoit habituellement: c'est la beauté de l'imperfection, de la laideur et de l'injustice. Kino et Hermès visitent donc différents pays, chacun portant leur part d'imperfection, où ils ont pour règle de ne rester que trois jours. Ainsi, ils ont suffisamment de temps pour voir ce qu'il y a d'intéressant à voir dans ce pays, mais pas assez pour s'y attacher, afin de continuer à voyager encore et encore, car une voyageuse est faite pour l'aventure...
Présenté sous le format de 13 épisodes, chacun d'eux nous montre un ou deux pays. Et quels étranges pays! Chaque trait humain, chaque tendance de notre société est représenté dans chaque pays et c'est à travers les discussions des deux protagonistes et des actes des habitants qu'ils se révéleront.
Hermès et Kino, en pleine discussion sur les étranges mœurs du pays qu'ils visitent.
Ça doit faire deux mois que je travaille sur cette critique, et j'avoue que j'ai énormément de mal à savoir pourquoi j'apprécie autant cet anime. Déjà, j'aime beaucoup le principe: on a vraiment envie de suivre et de continuer à suivre les aventures de Kino à travers les pays si étranges qu'elle visite.
Les deux personnages principaux sont plutôt attachants et les débats philosophiques dans lesquelles ils se lancent sont intéressants, sans être prise de tête.
L'univers est évidemment ce qu'il y a de plus travaillé, mais d'un autre côté, pas tant que ça. Chaque pays a sa spécificité mais l'univers, dans son ensemble, n'est pas vraiment cohérent, puisque, d'un pays à l'autre, on peut aller d'une ambiance moyen-âgeuse à de la science-fiction. Néanmoins, cela ne gène vraiment pas et au contraire laisse plus de liberté à l'auteur qui nous offre un univers onirique à l'instar d'un Galaxy Express 999 ou du Petit Prince.
On peut donc qualifier L'Odyssée de Kino d'anime contemplatif, puisque laissant une grande place à l'observation et aux dialogues. L'action y est en effet peu présente, sans y être absente non plus; la vie sur les routes peut ne pas être de tout repos.
Kino sait se défendre quand il le faut.
En ce qui concerne la forme, le dessin est plutôt soigné et même si le design s'éloigne un peu des illustrations d'origine du roman, il correspond bien à l'œuvre. Vous avez peut-être remarqué sur les screenshots les traits horizontaux; ceci n'est pas du à la mauvaise qualité de mon écran ou de mon DVD mais bien d'un choix du studio d'animation. J'ignore comment ils ont eu l'idée (c'est la première fois que je vois ça dans un anime...), mais cela accentue l'ambiance onirique, pour une raison qui m'échappe, de l'œuvre. Quant à l'animation, elle n'est pas exceptionnelle, mais elle n'a pas vraiment besoin de l'être après tout.
D'un point de vue musical, pas vraiment de bonnes surprises de ce côté-là. Elles sont transparentes et j'avoue les avoir oubliées (je viens de revoir un épisode il y a un quart d'heure pour pouvoir continuer cette critique, alors ce n'est pas le temps qui a fait cela...). Pour les opening et les ending, là non plus, pas beaucoup d'éclat; ils ne sont ni bons, ni mauvais.
Pour ceux qui s'interrogerait sur l'épisode zéro et les deux OAVs signalés au début de la critique (sur l'image), ils sont inédits en France. L'épisode zéro est semblable à n'importe quel autre épisode. Le premier OAV, Kino no Tabi - Nanika wo Surutameni, traite d'une partie du passé de Kino alors que le second, Kino no Tabi - Byouki no Kuni - For You, est comme un autre épisode à la différence que ce n'était plus le studio Genco aux commandes mais le studio Shaft. Mon seul regret est la disparition des traits horizontaux (oui, j'y tiens) mais sinon, l'OAV est plutôt bon.
En conclusion, L'Odyssée de Kino est une ode à la laideur, à l'imperfection et à l'absurdité humaine, ainsi qu'à la beauté qui en résulte. Les pays visités sont intéressants, les personnages principaux sont attachants, l'animation est correct et le graphisme est bon. C'est vraiment le genre d'anime qu'on regrette d'avoir fini, puisqu'on préférerait continuer à suivre les aventures des deux héros.
Les seuls défauts que j'ai pu relever ne sont pas du à l'œuvre elle-même mais à sa commercialisation: déjà, le fait qu'on n'est le droit qu'au premier tome du roman en anglais est injuste (le lire en japonais est assez difficile, malgré mes efforts...) et en plus, Kaze vend les DVD vraiment chers, ce qui n'encourage pas les non-initiés à s'y intéresser... (même si j'avoue que le coffret est magnifique...)
C'est donc un anime que je conseille à tout le monde, y compris à ceux que tout ce qui touche à la japanimation barbe au plus au point, tant il me semble qu'il est hors norme et fantastique.