lundi 28 février 2022

Lectures de février 2022

 Les lectures de février ! Beaucoup de petites séries, mais quelques longues qui se distinguent en bien.

Ajin

(SAKURAI Gamon - 17 tomes terminés)


Les ajin sont des personnes immortelles (sauf de vieillesse). Lorsqu’elles s’ignorent, elles ne se savent pas ajin, mais si un accident les frappe, la résurrection est assurée et leur véritable nature révélée. Leur traitement par les autorités est plus que douteux, dans un mélange d’expérimentation humaine et d’utilitarisme capitaliste. Ce manga pose bien la question : et si des êtres immortels existaient, comment seraient-ils traités par notre société ? Et j’ai l’impression que son pessimisme touche juste. Mais ce n’est pas le propos principal de l’œuvre, étonnamment : et si l’un d’entre eux décidait de faire tomber la société en représailles/par jeu ? Et là, Ajin propose quelque chose qui fait toute la saveur de son histoire : un méchant inarrêtable. J’ai eu l’impression de lire le point de vue des monstres de Doom face au Doomslayer. Les scènes d’action sont haletantes et d’une belle ingéniosité mettant pleinement à profit le concept d’immortalité des personnages. Un espèce de John Wick intuable entre en scène, et bonjour les dégâts ! J’ai apprécié le point de vue : le fait d’être du côté de “la société” (bon, d’un autre ajin qui va plutôt aider le gouvernement que les terroristes, en gros) et d’être en permanence devant un boss final, j’ai trouvé ça cool. Ça change des histoires où c’est le héros qui est surpuissant, et donc qui serait plutôt le perso hors pair et donc hors de danger… En tout cas, malgré un début un peu lent (le temps de poser tous les persos et éléments d’intrigue sur 4-5 tomes), c’est un bon manga d’action bien prenant !

 

The First Night With the Duke

(HWANG DoTol / Teava / MSG (II) - 84 chapitres terminés)

Un manghwa fantasy/réincarnation qui suit les ponsifs du genre. Pas d'originalité particulière mais il y a un bon rythme dans l’enchaînement des péripéties habituelles (constat du de la réincarnation -> rencontre avec le héros -> “je t'aime mais te mérite pas” -> amies avec l’héroïne -> bonheur pour tous -> business -> gestion de la méchante -> nouveau prétendant masculin méchant -> danger du retour au monde “réel” -> lune de miel. Les dessins sont plutôt dans la moyenne haute aussi. J’ai bien aimé l'imperfection de l'héroïne : c'est une fille normale donc, non, son business ne fonctionne pas. Elle séduit par son art du cocktail et son manque d'étiquette… elle est marrante. Mention spéciale pour la maid qui s'amuse beaucoup à l'accompagner dans tous ses délires. 
 

Duchess in the Glass House

(Tangni / Gong Gial  - 50 chapitres en cours)

 
Ça se présente comme un titre plutôt sérieux et mature (l’enjeu étant un rembobinage avec un mari en apparence non aimant mais un enfant à protéger), mais il est avant tout incroyablement confus. Heureusement que le genre est codifié car rien n'est clair dans la narration. Si j'ai bien compris le méchant est méchant parce qu'il s'ennuie ? Donc OK, maudissons des bébés à distance, on a que ça à faire, en tant qu'empereur ? Une dame est méchante en étant à la tête d'une famille qui les entube grâce à un contrat en béton ? (mais un contrat de quoi ???) Le seul truc bien, c'est que les deux protagonistes viennent du futur (sans le savoir mutuellement), ce qui explique mieux que d'habitude pourquoi le gars devient gentil… et la fille ne lui pardonne pas aussi facilement que d'habitude. 
 

The Tyrant's Secret Secretary 

(Bammui / Studio Inus - 50 chapitres en cours)
Un gros bof. Au-delà de l’absurdité de la condition de l’héroïne (ok, son ami d’enfance ne l’aime plus, donc il l’envoie en esclavage alors qu’elle avait un pouvoir de soin méga pêté et qu’il le savait ??? Et elle se fait sauver par un empereur qui passait par là ?), je trouve l’ensemble plutôt fade. La fille est standard, le gars fait très bien sa tête de salaud, mais j’ai du mal à percevoir le grand cœur du cliché, encore. Pour un empereur, il est incroyablement impuissant face à sa famille, aussi… Il aurait mieux fallu lui donner un titre moindre, parce que ce n’est même plus de la monarchie constitutionnelle, à  ce stade, c’est “a le pouvoir qui fait les plus gros yeux” !
 
 

Pochi Kuro

(Matsumoto Naoya - 4 tomes terminés)
 

Une humaine se retrouve en plein monde des démons, pour qui les humains sont un mets aussi rare qu’irrésistible. Un démon, Kuro, malgré la barrière de la langue (ni l’un ni l’autre ne se comprenant verbalement), va décider de la ramener chez les siens. Ça m’a fait beaucoup pensé à Pitch-Black Ten, dans l’esprit. Un shônen d’aventures pour jeunes (début du collège facile). Mais j’ai toujours soif de shônen d’aventures, donc c’était sympa à suivre. Le monde des démons était haut en couleurs et gentiment déjanté. J’aime le concept de la barrière de la langue dans les titres de fantasy, mais j’avoue que j’ai plus eu l’impression que c’était utilisé ici pour simplifier le personnage de l’héroïne (qui ne pouvait pas parler, du coup) qu’autre chose… Elle restait très expressive et les relations entre les persos sympathiques, donc ça passe quand même. Un titre sympathique, en soi. Un peu oubliable sans doute, mais plaisant sur le coup.
 

Oshi no Ko

(AKASAKA Aka / YOKOYARI Mengo - 7 tomes en cours)

C’est le genre de manga sur lequel foncer tête baissée sans savoir de quoi ça parle. Je savais juste que ça parlait de l’industrie du divertissement et que c’était Aka Akasaka, l’auteur de Kaguya-sama, au scénario, et j’ai bien fait de ne pas chercher à en savoir plus. Ce manga n’est que twists au début, et surenchères ensuite. Vraiment prenant à suivre, les arcs narratifs s’enchaînent bien et sont variés, il n’y a aucune baisse de rythme et l’horizon est encore bien nébuleux… Les personnages sont tous saisissants et multi-couches. On apprend aussi moult choses sur le monde du divertissement, sur son fonctionnement et ses travers. Pour ça, le traducteur a fait un super boulot, en offrant des appendices imagés et documentés à chaque chapitre. Une très bonne lecture, en tout cas, que je continuerai de suivre avec intérêt.

Isshou Sukitte Yutta jan 

(YOKOYARI Mengo - one-shot)

Une collection de one-shot par Yokoyari Mengo (Kuzu no Honkai, qu’il faudrait que je reprenne, un jour). Ces one-shots sont à l’image de mon souvenir du travail de cette auteure : tordus. Ils mettent en scène différentes formes de moyen de (sur)vivre dans un monde sale et déviant au réseau relationnel indécent et factice. C’est toujours un peu intéressant de voir les personnages féminins de cette auteure, je trouve, car elles sont souvent très différentes de ce qu’on voit dans les mangas habituellement (hyper-sexualisées, cependant, mais souvent pas de manière très positive). On ne peut pas dire que l’auteure n’a pas sa marque de fabrique, j’ai vraiment l’impression que je pourrais reconnaître son style et ses thématiques entre mille. 

 

Futsuu na Bokura wa

(YUKI Nojin - 7 tomes terminés, 8 chapitres lus)


Un petit shôjo sur une romance normale entre une lycéenne et un garçon de sa classe qui s’avère être sourd. J’avoue bien aimer les histoires qui mettent en avant les handicaps, je trouve que ça donne toujours une vision nouvelle sur la vie. Là, j’avoue que j’ai eu une impression de “Yubisaki to Renren en moins bien”. Moins didactique sur la situation, avec des personnages moins intéressants, un setting moins original (lycée contre fac)... C’était mignon et je suis sans doute dure pour 8 chapitres, mais ça n’a pas été une lecture transcendante, clairement. (Je me replongerai bien dans Yubisaki to Renren, par contre. Ça fait longtemps que je l’ai laissé couler…)

Murazukuri Game no NPC ga Namami no Ningen to Shika Omoenai

(Hirukuma / Morita Kazuhiko - 3 tomes en cours)


Un hikikomori reçoit un jeu où il doit gérer un groupe de survivants en tant que dieu à travers son écran. Les futurs villageois semblent beaucoup trop réels et il s’attache beaucoup à eux, au point de renouer petit à petit avec la société (sa famille, un travail, une fille…), encouragé par leurs efforts, et aussi pour gagner suffisamment d’argent pour subvenir à leurs besoins, via des microtransactions. Outre le côté hyper malaisant de “retourner travailler pour payer des microtransactions dans un jeu”, le manga se suit très bien. Les personnages sont assez plats, mais la situation est plutôt intrigante. Le jeu semble présenter des mécaniques intéressantes vis-à-vis des autres gens (il y a un indice qui indiquerait que les monstres seraient gérés par quelqu’un comme lui), ce qui est un développement que j’ai hâte d’explorer.

 

Benriya Saitou-san, Isekai ni Iku

(Ichitomo Kazutomo - 6 tomes en cours, 2 tomes lus)


Un réparateur du monde moderne se retrouve dans un monde de fantasy. Malgré son incapacité à se battre, il est extrêmement utile pour l’exploration des donjons, pouvant déjouer les pièges et réparer l’équipement. Pour sa part, il est heureux car enfin apprécié pour son travail, contrairement à notre monde où il était rabaissé par son patron tout le temps. C’est clairement un manga qui part sur son concept de base pour le décliner autant que possible, dans des chapitres courts. Cependant, je trouve qu’il arrive à bien se renouveler, pour le coup. Un arc narratif prend petit à petit le dessus sur les chapitres du quotidien et, SURTOUT, d’autres groupes d’aventuriers sont présentés. Les horizons sont très divers, leurs backstorys foisonnantes. En fait, chaque groupe pourrait être un manga isekai à lui tout seul. Les voir ainsi tous rassemblés rend le manga plutôt riche. Ce type de méthode de création de personnages avec des clichés détournés m’a d’ailleurs beaucoup fait penser au travail de ashpwright, un artiste que je suis sur DeviantArt et que j’aime beaucoup. Donc clairement, c’était ma cam, comme manga (dommage qu’il semble un peu abandonné par ses traducteurs…)


Henkyou no Roukishi - Bard Loen

(Shien Bis / Kikuishi Morio - 8 tomes en cours, 5 tomes lus)


Un vieux chevalier extrêmement puissant mais rouillé décide de partir dans un dernier voyage avant de se laisser mourir. Aussi poétique que soit le résumé, ce n’est clairement pas si simple. Quasiment l’intégralité des cinq tomes que j’ai lu se centre sur le premier arc, où, malgré son départ, il devra continuer à protéger sa seigneurie des machinations de son voisin. J’avoue que l’intrigue politique était bizarrement flou… jusqu’à la toute fin. Une fois l’affaire réglée (4,5 tomes, quand même), Bard semble en effet (enfin) parti pour son voyage d’errance de retraité. Bon, je me plains car la promesse initiale n’est pas tenue au début, mais en vrai, c’était un très bon premier arc : il posait bien les bases du personnage, nous a permis de bien comprendre d’où il venait et ses relations avec ceux qui restent encore vivants. J’aime bien le fait qu’il soit vieux “pour de vrai”. C’est véritablement un vieillard (costaud quand même, il a fait de l'exercice toute sa vie, quand même) qu’on suit. Les relations qu’il entretient avec son entourage le reflètent, et son entourage lui rend bien. Le style graphique est vraiment propre, ça faisait longtemps que je n'avais pas vu un manga de fantasy avec un dessin aussi posé. Le petit défaut que je lui reproche, c’est sans doute que “errance” = “voyage culinaire” chez les Japonais, faut croire… Heureusement que ce n’est pas le coeur du propos, mais je me méfie un peu quand même… On verra ce qu’il en est après ce premier arc sénarisé.

Kao ni denai Kashiwada-san to Kao ni deru Ota-kun

(Azuma Fuyu - 7 tomes en cours, 5 tomes lus)


Oota veut à tout prix faire réagir Kashiwada, qui est complètement inexpressive. Pour cela, il va la taquiner, essayer de la faire rire, de la faire pleurer… n’importe quoi, pourvu qu’elle se défige ! Petit manga basé sur un concept fort de personnage. Kashiwada n’est pas si inexpressive que ça, vu qu’une narration décrit tous ses sentiments pour le lecteur, ce qui casse en soi le concept, mais qui la rend plus mignonne. Oota est le plus souvent le dindon de la farce, comme souvent dans ce type de manga. Leur relation évolue petit à petit (car, au fond, même s’il veut la faire réagir avec des sales coups, il est gentil et Kashiwada le voit bien) et c’était sympa à lire. En soi, rien de spécial à signaler dessus, les interactions sont mignonnes mais l’ensemble est plutôt oubliable.

I Got Genderswapped (♂→♀), So I Tried To Seduce My Classmate

(Takarano Airando - 8 chapitres en cours)


Bon. Le titre dit tout. Comment dire… il accepte très vite sa transition, au moins, c’est bien pour elle. C’est vraiment typique du genre, en vrai. En devenant fille, elle fait la blague de tenter de séduire un de ses potes, qui accepte de sortir avec elle sérieusement. Et c’est juste des interactions mignonnes entre eux. C’est vraiment oubliable, comme manga. Je n’ai rien de particulier à dire dessus : un “mouirf” le définit bien, je crois.

Kowloon Generic Romance

(Jun Mayuzuki - 6 tomes en cours, 3 tomes lus)


Au sein de Kowloon, on suit une jeune femme travaillant en agence immobilière, aussi bien sa vie à Kowloon, une ville hors du temps, que la naissance de sa romance pour son collègue. Alors là, c’est du lourd. Déjà, j’aimais bien le style de Jun Mayuzuki : j’aime son dessin et j’aime sa façon de narrer des histoires. Après la pluie avait une thématique (une romance entre une lycéenne et un quadragénaire) qui me dérangeait un peu, mais j’ai tout de même décelé que c’était une auteure que j’aimerais sans doute beaucoup. Mais alors, si elle s’attaque à une thématique comme Kowloon, bien sûr que je vais accrocher ! Oui, ça, c’est un bon josei ! Il y a des personnages qu’on a envie de voir vivre, une intrigue qu’on a envie de suivre, une ambiance dont on a envie de s’imprégner… C’est un plaisir de découvrir Kowloon sur papier, cette fois (en complément de Kowloon’s Gate en jeu vidéo) et au rythme du dessin de Jun Mayuzuki qui peut te faire des planches qui capturent le regard d’une manière assez incroyable. Bref, c’était grave cool, vivement la suite !


Kimi wa Haru ni Me wo Samasu

(Shima Asato - 10 tomes terminés)


J’avoue, j’ai lu ce manga car j’ai vu “Shoujo” et “Sci-fi” coexister dans les descriptifs. Et c’est toujours un duo de tags que j’aime voir coexister. On suit ici Ito (10 ans) et Chiharu (17 ans) : ce dernier est atteint d’une maladie incurable et va se faire cryogéniser le temps qu’un remède soit trouvé. Cela prendra sept ans, juste à temps pour que Ito, sa voisine qu’il a toujours considéré comme une petite sœur, soit de son âge. Quant à elle, elle a toujours aimé le garçon et veut tenter sa chance maintenant qu’ils peuvent être sur un pied d’égalité. C’était pas inintéressant, comme shôjo. Il tombe dans beaucoup de travers de son genre (quiproquo, triangle amoureux, hésitations à n’en plus finir…) mais les justifie bien. Car oui, autant pour l’une, sept ans ont passé, autant pour l’autre, une nuit est passée. Et en une nuit, le monde a changé, les personnes de son entourage ont grandi et/ou vieilli. Et il doit se réadapter à tout ça. Je trouve globalement les personnages plutôt bien gérés, leurs réactions me paraissent plutôt naturelles, en soi. Le personnage masculin secondaire est particulièrement touchant ; c’est sans doute lui qui a le plus évolué au fil des années (et je crois qu’il est devenu le préféré de l’auteure, car l’épilogue s’est concentré sur lui uniquement). Il a donc une saveur de shôjo classique, mais apporte sa petite pointe d’originalité, son petit questionnement qui rend le tout pas inintéressant du tout.

Sekai Oni

(Okabe Uru - 11 tomes terminés)


Certaines personnes ne voient pas de reflet dans les miroirs. Le syndrôme de “Alice de l’autre côté du miroir" touche une minorité qui sera appelée à s’armer contre les Démons du Monde dans le pays des merveilles. Mais les munitions, c’est la vie de leurs proches. Chaque kill de Démon est un mort de plus dans leur entourage. Pour Azuma, une enfant horriblement maltraitée par sa famille d’adoption, c’est une sacrée aubaine…
Ça a été mon manga du mois. J’ai vraiment mis tout le mois de février à le lire, mais sa lecture est si dure que j’ai eu besoin de shôjos mignons ou de isekai détente de temps en temps pour surmonter ça. Car Sekai Oni ne fait pas dans la dentelle. Les traumatismes des personnages sont explicites et souvent graphiques. Tous les personnages principaux voient ce qu’ils croyaient être des hallucinations toute leur vie : ça n’a pas fait du bien à leur psyché. Entre l’enfant devenue sociopathe à cause de la maltraitance, la fille ultra dépendante de ses proches, l’ancien militaire junkie, la nymphomane, l’éditeur de mangas trop envahissant… On suit une belle brochette de personnages brisés et fascinants. Suivre leur différent parcours, à tous (mais surtout celui de l’héroïne), était l’attrait principal du manga. Un peu comme regarder une vidéo où quelque chose est sur le point de s’écraser : on devrait s’arrêter, mais nos yeux n’en décrochent pas. Avec son prémisse à la Bokurano, le scénario est assez intéressant également, bien qu’assez inutilement compliqué (mais ça distrait de la tragédie humaine constante des personnages, donc ça fait quasiment du bien…). Graphiquement, il est très bof au début, mais arrive à dégager quelque chose de puissant lorsqu’il le faut. Et l’auteur s’améliore vite. Mention spéciale au méchant de l’histoire, qui est si jouissivement méchant, ça fait longtemps que je n’ai pas vu un personnage aussi chaotique mauvais.
Bref, un manga assez fascinant dans sa noirceur, à ne surtout pas mettre entre toutes les mains (tous les trigger warning y passent), avec des personnages aussi dérangés qu’intrigant à suivre, un style graphique très différent de la norme et une histoire qui propose une fin plutôt satisfaisante, surtout après toutes les horreurs traversées.



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