mardi 1 février 2022

Lectures de janvier 2022

Nouveau concept, suite à un constat d'amnésie vis-à-vis de mes lectures quotidiennes. Je vais essayer de m'amuser à rédiger un avis succinct sur les mangas que je lis au cours d'un mois. Ce seront plus mes impressions immédiates qu'une analyse poussée (comme souvent ici) mais je considère plus ce type de billet comme un pense-bête plus qu'autre chose. C'est parti, donc.


Mikako-san

(Kyou Machiko, 7 tomes terminés) 

 
Des situations anodines, des pensées toutes douces qui construisent peu à peu les sentiments conscients et inconscients de l'héroïne.

Un manga sur la jeunesse dans ce qu'elle a de plus incertaine. Dans sa beauté devant le néant du futur. On y suit Mikako, une terminale indécise sur son avenir, sur ce qu'elle aime mais qui vit sa vie à son rythme. Son parcours en croise d'autres plus définis que le sien et tout aussi humain. Avec son atmosphère éthérée, c’est un splendide manga tout en couleurs qui invite à se rappeler de cette période de transition qui n'a rien d'insouciant tout en étant innocemment captivant.

Dandadan

(Yukinobu Tatsu, 41 chapitres en cours sur MangaPlus

Takakura est un fervent défenseur de l’existence des OVNI qui ne croit pas aux fantômes. Ayase, issue d’une famille d’exorcistes, pense l’inverse. Tous les deux vont se retrouver mêlés au clash des forces occultes et extraterrestres. Si je devais décrire ce manga en un seul mot, ce serait “frénétique”. Le rythme est hyper soutenu, les persos font connaissance face au danger avant tout et les combats sont intenses. Le clash des deux mondes est une très bonne idée bien exploitée et qui permet à l’auteur de proposer moult situations tarabiscotées dont les deux héros doivent s’extirper. Ce qui est fou, aussi, c’est les changements rapides de registres. Si les deux protagonistes peuvent avoir leur petit moment tendre sur deux-trois cases, on peut passer immédiatement à un affrontement brutal à la case ou à la page d’après. Cela dégage une impression de folie ambiante assez impressionnante. En soi, le pitch est assez classique mais appréciable (deux lycéens que tout oppose qui s’allient pour contrer des forces surnaturelles), tandis que l’art de le mettre en scène est plutôt novateur et fascinant dans sa folie frénétique.

Kobu-san wa boku (mob) wo yurusenai

(Nene Yukimori, 98 chapitres en cours sur MangaPlus)

 Le trope du gars lambda qui s’est fait repérer par la plus belle fille de la classe et dont “l’invisibilité sociale” en devient malmenée. Je le trouve assez similaire à Boku no Kokoro no Yabai Yatsu, et c’est en soi le même type de plaisir coupable. Kubo va d’abord surtout s’amuser de sa capacité à être (littéralement) invisible aux yeux des autres pour peu à peu s’attacher à lui. Lui va très vite comprendre qu’il n’est qu’un jeu pour elle mais va peu à peu s’attacher à elle, étant son seul lien social, en soi. C’est plutôt mignon et jovial, sans être une œuvre impérissable. J'ai bien aimé le fait que le héros semble être VRAIMENT invisible par moment, cela dit. Ça permet des situations assez fantastiques, mais qui reste dans le domaine explicable. En soi, ça se veut un bon petit titre pour décompresser, et c’est exactement ce qu’il est.

Lore Olympus

(Rachel Smythe, 190 chapitres en cours sur Webtoon)

(ça se voit que j'ai eu un mal fou à trouver des illustrations qui décrivent bien l’œuvre ? Non ? J'ai eu un mal fou, pourtant...)

La revisite des mythes grecques dans un setting moderne, avec le mythe de Perséphone et de Hadès en fil conducteur. Ça fait très longtemps qu’on me l’a conseillé, j’ai mis bien trop de temps à m’y mettre ! C’était juste excellent. La narration est menée d’une main de maître, alternant des épisodes dignes des pires tragédies grecques et des idylles guérisseuses. L’auteure a également une patte graphique très identifiable et très connotée, jouant sur les couleurs et les symboles pour appuyer son récit. L’incorporation de ces récits dans un setting moderne (sans mettre de côté la dimension divine des personnages) permet de mieux ancrer leur dimension émotionnelle dans une réalité et de mieux marquer les esprits, ce qui est une rudement bonne idée (car, quand on dit que Zeus trompe Hera à tout bout de champ, c’est un juste mythe et les déboires d’un dieu. Mais quand tu lis ça dans un setting moderne, ça prend tout de suite une saveur plus amère…). La portée émotionnelle des personnages, leurs forces, leurs traumatismes et leur évolution, les récits mythologiques qui s’imbriquent les uns et les autres… tout s'entremêle pour offrir un récit haletant et une œuvre d’une qualité remarquable.

Like wind on a dry branch

(Dalsaeowl / Hwaeum, 57 chapitres en cours sur Webtoon)

Chose amusante avec les webtoons coréens : s'ils ne se font pas un câlin, c'est très dur de trouver une image mettant en scène les DEUX persos principaux...

L’histoire d’une veuve qui aurait dû être enterrée avec son seigneur local mort de la peste mais qui a été rachetée par un prince qui passait par là. Il s’avère qu’elle est une mage, capable de purifier contre toutes formes de malices, et notamment la maladie. Ce qui va se révéler utile pour le prince et son duché pour contrer la peste.
On sent que l’épidémie covid est passée dans le coin, c’est la première fois que je vois de la fantasy coréenne pour filles traiter de façon aussi approfondie une pandémie (même Docteur Elise est resté assez en surface, en soi). Rien que pour ça, c’est plutôt intéressant. Mais ça reste l’auteure de The Remarried Empress aux commandes, et donc ça n’en reste pas là : les personnages sont particulièrement bien écrits et l’évolution de leurs relations aussi subtile que naturelle. Les enjeux sont réels, la mort est présente et la tragédie peut frapper à la porte n’importe quand (et pas qu'au passé). Une histoire intéressante à suivre et bien écrite dans ce genre qui est un plaisir coupable (les personnages sont toujours aussi OP, évidemment), mais qui est toujours un bonheur à lire quand on en trouve un bon.

Witch Watch

(Kenta Shinohara, 47 chapitres en cours sur MangaPlus)

 

Le nouveau manga de Kenta Shinohara (Sket Dance, Astra - Lost in Space) ! Cette fois-ci, il s’attaque à la fantasy avec l’histoire d’un jeune homme, Morihito, qui est en réalité un ogre et le familier d’une apprentie sorcière, son amie d’enfance Niko.Nous voilà donc avec un nouveau slice of life comédie avec des gags basés sur la magie capricieuse de Niko, donnant des situations plus folles que dans un Sket Dance. Il y a un côté “tous les chapitres sont des situations causées par les potions de M. Chûma de Sket Dance”, en soi. Ça me fait donc plus penser à un retour aux sources qu’un vrai challenge pour l’auteur, comme Astra l’a été. C’est un genre qu’il maîtrise bien, les personnages sont loufoques, son humour toujours aussi bavard et basé sur la répartie d’un type sérieux devant l’absurdité du comportement d’un autre. Rien de nouveau sous le soleil, mais toujours aussi sympa et rigolo à lire.

Blessures nocturnes (Yomawari Sensei)

(TSUCHIDA Seiki / MIZUTANI Osamu, 10 tomes terminés - critique au 5e tome)

 

Un manga (auto-)biographique d’un professeur de cours du soir qui consacre sa vie et son âme à chercher et sauver les enfants de la nuit, ceux qui ont été abandonnés par la société “normale” et qui parfois se tournent vers des solutions extrêmes (drogues, crimes, suicide). L’espoir est mince, et le professeur est souvent confronté à son impuissance… Un manga poignant, à ne pas lire en état dépressif, clairement… Chaque enfant rencontre un destin différent, chaque histoire est racontée avec minutie et servie par un style graphique saisissant qui accentue merveilleusement bien l’obscurité du monde que parcourt le professeur. Entre chaque histoire, le professeur dont la vie est contée écrit un court essai se faisant l’écho émouvant et réel du destin de l’enfant précédemment raconté, rappelant bien au lecteur que non, ceci n’est pas entièrement de la fiction. Une très belle et dure lecture.

Shikimori-san wa Kawaii dake dewanai

(Maki Keigo, 11 tomes en cours)

Le quotidien de Izumi, un garçon calme mais terriblement malchanceux, et Shikimori, sa petite amie qui n’est pas que mignonne, mais également terriblement cool et classe et qui le protège souvent. Un manga créé sur le concept simple de “petite amie mignonne et classe” et les mises en scène qui permettent de révéler ça. Une “inversion des rôles” comme les Japonais aiment bien faire de temps en temps et qui fait toujours un peu de bien. Cela dit, petit à petit, un scénario se met en place, notamment sur cette histoire de malchance qui est anormalement forte chez le héros. Ça reste un manga détente avant tout, mais l’évolution et l’histoire qui se bâtit à tout petit pas est un point intéressant à suivre.

So charming! (Suteki na Kareshi)

(KAWAHARA Kazune, 14 tomes terminés - critique au 5e tome)

Nonoka a un rêve depuis toute petite : avoir un petit ami pour voir les illuminations du nouvel An ensemble. Pour son entrée au lycée, elle se met en quatre pour rechercher un petit ami, mais rien n’est simple. Le courant ne passe pas, aucun garçon ne lui tombe dans les bras comme ça. Lors d’un group dating organisé par ses amies, elle rencontre Naoya, qui lui dit de but en blanc qu’elle n’aura jamais de petit ami. Et leur relation se construira à partir de ce rejet initial. Comme souvent avec les shôjo, le début est intéressant. Il y a un côté “clash entre l’idéal et la réalité” que j’ai trouvé sympa. Le rêve que la fille projette sur l’idée du “petit ami” est irréalisable pour elle, car elle ne voit rien de concret. Elle cherche initialement “un petit ami pour voir des illuminations au nouvel an” sans réaliser que ce qu’elle a admiré chez ces couples, ce n’est pas le “petit ami”, mais le lien d’amour entre les deux partis. Cette prise de conscience progressive a été plutôt intéressante à suivre. Le héros n'est pas un être parfait non plus : il joue dans le trope du “gars difficile à lire qui sourit tout le temps” mais le dessin et la mise en scène font que, pour le lecteur, il est facile à comprendre, ce qui fait ressortir plus sa maladresse que sa coolitude mystérieuse. En soi, les personnages sont mignons et attachants. Après, ça reste un shôjo plutôt lambda qui va malheureusement jouer avec les quiproquos habituels. La résolution se fait dans le dialogue, donc on peut espérer que la communication sera (enfin ?) un moteur pour le couple de cette histoire, cela dit. À suivre, donc.

Kitto Aishite Shimaunde

(Kazui Kazumi, 7 tomes terminés - critique au 4e tome)

Après avoir rompu avec son supérieur à cause de sa supériorité professionnelle, Ayumu se retrouve par un concours de circonstances en coloc avec un de ses collègues masculins, Yachi, dans la maison de son (Ayumu) grand-père. Bon, pour être honnête, j’écris cette critique à retardement… et j’ai un peu oublié ce que j’ai bien pu penser de cette série (ce qui est un signe ?). De mémoire, on suit donc la construction d’une relation entre Ayumu et Yachi, avec le boss qui interfère de temps en temps en tant qu’ex jaloux. Les personnages sont plutôt mignons, même si ça joue un peu avec les tropes habituels. La relation se construit assez naturellement, sans coup de foudre soudain : c’est plus en partageant leur quotidien qu’ils tombent progressivement amoureux l’un de l’autre. Il y a un côté très idéalisé, où la fille trouve (enfin) son complément masculin parfait qui rend l’œuvre très adorablement fantasmée. Le trait très doux du dessin participe aussi à ce côté “cocon” que peut faire ressentir ce manga. Une lecture plaisante, donc, mais un peu oubliable aussi…

Koi Wazurai no Ellie

(Momo Fuji, 12 tomes terminés)

Eriko est une lycéenne discrète qui laisse pleinement sa passion s’exprimer sur twitter : en tant qu’Ellie, elle tweet ses fantasmes de couple en se projetant sur le BG du lycée, Omi. Mais ce dernier n’est pas ce qu’il semble être : râleur en privé, sa personnalité douce et charmeuse n’est qu’une façade. Lorsque Eriko découvre le pot-aux-roses, cela va rapprocher les deux lycéens, apprenant à se connaître derrière leur masque respectif. Un trope assez commun dans le shôjo, mais la dimension “fantasme cru” et réseaux sociaux en fait un titre plutôt rafraîchissant. Ça reste globalement sur les sentiers battus du genre (l’arc de la jalousie, les quiproquos, le rapprochement progressif des deux persos), mais il le fait bien. Le rythme est plutôt bon : le couple n’est pas formé précipitamment mais ne stagne pas non plus. Il a la bonne durée, en soi, je ne me souviens pas d’avoir ressenti de longueur. Un petit shôjo sympa à découvrir avec un côté frais et moderne.

Konyakuhaki Sareta Reijou wo Hirotta Ore ga, Ikenai Koto wo Oshiekomu

(Fukada Sametarou / Katsura Ichiho, 4 tomes en cours)

Allen vit au fin fond d’une forêt, en sorcier misanthrope qu’il est. Un jour, il trouve une jeune fille poursuivie par des soldats, et décide de la sauver. Il se rend compte qu’elle a été rejetée par son fiancé (un prince) et est recherchée pour être exécutée. Il décide de la prendre sous son aile et de lui apprendre les plaisirs de la vie, elle qui a été élevée dans un carcan bien rigide. Un espèce de mélange entre le trope de la villainess maltraitée et le mage OP de isekai. Le mélange en fait ce que tout isekai qui se respecte est, au fond : un slice of life avec des gens qui sont hallucinés par la puissance du gars. D’autant que Allen semble avoir un passé rempli de déboires, notamment à l’académie de magie locale. En tout cas, le duo est mignon, le dessin hyper plaisant. Une petite lecture sans prise de tête.

Sekisei Inko

(Ken Wakui, 5 tomes terminés)


Un jeune lycéen est amnésique après avoir été témoin de la mort d’une de ses camarades de classe. Mais plus étrange encore : un être lunaire que seul lui voit l’accompagne. Il se fait appeler “Mémoire” et semble être la clé pour que le héros retrouve ses souvenirs disparus. Un postulat de base intéressant mais servi par un dessin un peu trop figé par son réalisme à mon goût. Heureusement, Mémoires a un design de fou que j’ai adoré et qui m’a clairement fait continuer la série ! Quant à l’histoire, c’est… brouillon. Ça part dans deux grosses directions qui ne se présentent pas du tout comme évidentes au début… J’avais un peu toujours cette tête-là pendant la durée de ma lecture : o__O
Il faut tout de même reconnaître que l’auteur semble ne pas avoir eu le temps de développer comme il a voulu ses personnages et son monde, car ça sent tout de même beaucoup l’œuvre rushée, notamment le final assez soudain (même si cela devait être le twist prévu au départ, il arrive tellement de nulle part qu’il en perd un peu de sa superbe). Tout ça donne un sentiment global de gâchis, même si le manga n’est pas inintéressant en soi, il n’est clairement pas indispensable. (Bon, j’adore ce design de bonhomme-lune quand même !)

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