mardi 23 août 2011

Ivanhoé

(Walter Scott – publié en 1819)


Quand j'étais petite, j'écoutais Nino Ferrer. Dans la chanson intitulée Alexandre, il parle de faire « un coupe-papier avec l'épée d'Ivanhoé ». La première chose que je me suis dit en écoutant ceci, avec toute la curiosité candide possible, c'est; « c'est qui Ivanhoé ? ». Ne connaissant pas wikipédia et n'étant pas amie des dictionnaires à l'époque, j'ai eu une réaction plus radicale: j'ai acheté le roman (3€ le livre de 500 pages... Ah, le bon vieux temps des livres pas chers...). Le temps est pas mal passé, la relecture des Garfield satisfaisant très bien ma version enfant; ce n'est qu'une petite dizaine d'années plus tard que j'ai (enfin) abordé ce roman, tentant de répondre à la question innocente que je me suis posée il y a fort longtemps.



Car oui, qui est Ivanhoé ? Eh bien, avant tout, c'est un chevalier. Le roman se passe ainsi au XIIe siècle, pendant le règne du Prince Jean, frère de Richard Cœur de Lion, pendant que ce dernier était prisonnier des musulmans. Le récit gravite donc autour d'un personnage central qu'est Ivanhoé, un croisé et fidèle du roi d'Angleterre captif, rentrant dans son pays natal.
Je dis bien gravite, car il y a de nombreux personnages aussi différents les uns des autres mais tous liés plus ou moins étroitement avec Ivanhoé: Rébecca, une jeune femme juive, Cédric, ancien seigneur saxon en opposition avec le pouvoir en place, Isaac d'York, père de Rébecca, Wamba, le bouffon de Cédric, De Bracy, chevalier ayant fait allégeance au Prince Jean, Noir Fainéant, mystérieux chevalier anonyme, Locksley, insolent archer, et j'en passe. Et étonnamment, l'auteur arrive à les rendre tous plutôt intéressants avec évidemment des personnages qui brillent plus que d'autres; mais chacun a son heure de gloire.

Un défaut tout de même au niveau des personnages. Sans ambages, le héros, Ivanhoé, passe complètement inaperçu devant la force de caractère des figurants. C'en est à se demander lequel, entre Wamba, par exemple, et Ivanhoé est le héros! Ivanhoé ne voit sa personnalité que peu développé, mais pour le peu qu'elle ne l'est, il m'a tout l'air du stéréotype parfait d'un preux chevalier insipide. Il n'a que peu d'apparition dans ce roman, ne fait pas trop avancer l'intrigue, puisse que ce sont les figurants qui s'en chargent, et, en gros, ne sert à rien. Ah, si, de point de gravité. C'est l'œil du cyclone pour les personnages: Alors que les autres sont turbulents et actifs, l'œil ne fait rien, et il ne s'y passe rien. Mais sans l'œil, pas de cyclone, j'imagine.

Parlons un peu de l'ambiance générale. Ivanhoé est l'un des premiers romans historiques et grâce au succès qu'il a eu à l'époque, a même servi de tremplin pour l'essor du genre. Il retranscrit donc avec plus ou moins de fidélité l'ambiance du Moyen-Âge anglais sous le régence du Prince Jean: la persécution des juifs, la tentative d'usurpation du trône d'Angleterre par le Prince Jean pendant l'absence de son frère et la rivalité des saxons et des normands, née depuis la défaite, lors de la bataille d'Hastings (1066), des saxons, qui sont contraints d'être dirigés par les vainqueurs, notamment, sont des aspects sur lesquels insiste beaucoup l'auteur dans son œuvre (même si la rivalité « normo-saxonne » n'a pas était prouvé...). De plus, si vous aimez les contes de chevalerie, vous retrouverez ici l'ambiance si particulière de ces légendes, grâce à notre cher héros stéréotypé à souhait. On retrouve aussi des histoires célèbres du Moyen-Âge dont on ne connait pas forcément l'origine telles que celle de Robin des Bois ou encore du chevalier noir.
D'un point de vue de l'histoire...Ce n'est pas tellement important. Je veux dire, il n'y a pas vraiment de fil conducteur. Il y a une multitude d'évènements qui s'entremêlent, des personnages qui se croisent, s'affrontent, s'entraident selon leurs propres intérêts et convictions et au milieu de tout ça, il y a le héros qui vit sa vie en subissant ce qui se passe autour de lui et évitant tous les dangers avec une chance de pendu. Et le pire (ou le meilleur) dans tout cela, c'est que ça reste très cohérent.

Voilà que j'ai fini avec le fond, alors parlons de la forme. Comme je l'ai dit plus haut, le livre fait dans les 500 pages pour une édition poche. Cela peut effrayer certains. D'autant plus que au niveau du style d'écriture, il n'a pas spécialement le talent de nous faire oublier que c'est long. Disons que si vous avez lu du Balzac, vous pouvez imaginer facilement le style d'écriture de Scott. Certains sont capables de le lire, l'apprécient même, d'autres l'abhorrent de tout leur être. Le style balzacien étant pour moi le style du roman de base, je ne saurais vous dire si c'est horrible ou pas: c'est basique, tout simplement. (Du moins, pour un romancier: Je ne vais pas demander à un adolescent d'écrire aussi bien qu'un Balzac ou un Scott: Ils ont fait de nombreuses études pour ça et ils travaillent sur leurs romans pendant des années; ce n'est pas comparable.)



En conclusion, Ivanhoé est un roman historique traitant du Moyen-Âge anglais, décrivant les aspects de cette période avec brio. On peut aussi louer l'auteur pour avoir créer des personnages aussi humains et dignes d'intérêt, ce qui donne de la force à l'intrigue, puisque c'est autour d'eux et grâce à leurs actions qu'elle se construit. Néanmoins, Wilfried d'Ivanhoé reste le personnage le plus insipide et inintéressant de l'histoire (tellement qu'il n'est même pas cité dans la quatrième couverture de mon édition; c'est un signe). On peut aussi désapprouver la longueur de l'œuvre ainsi que son style, propre à son époque, qui ne fait pas l'unanimité, même si cela ne me dérange pas.
Je ne peux vous dire si je le conseillerais ou non, mais si vous aimez le Moyen-Âge et les histoires avec des personnages au caractère bien trempé, que la longueur et le style du XIXe siècle ne vous fait pas peur, alors Ivanhoé pourra sans aucun doute vous convenir.

2 commentaires:

  1. Hum... J'ai bien aimé cette review puisqu'elle porte sur un roman que je ne m'attendais pas à voir.

    Dans les faits cependant, j'ai du mal avec le style du XIXe siècle et tu n'as pas l'ari d'avoir tant que ça aimé le livre vu comment tu en parles.
    Le seul moment où je t'ai sentit enthousiaste c'est quand tu décris le fait que tout soit cohérent malgré le bazar environnant, donc je ne suis que moyennement convaincu.

    Par contre au niveau de la review, énorme point noir de lisibilité. Tu avais toujours tendance à faire des paragraphes assez gros mais là c'est vraiment BEAUCOUP trop et ça en devient limite illisible. J'ai eu beaucoup de mal à voir les lignes là dedans. Saute des lignes dans le paragraphe du milieu et tu auras tout de suite un article aéré, agréable et plutôt bien construit.

    Une autre petite tendance que tu as (que j'ai forcément plus remarqué ici vu que la chose était plus casse pied à lire) est de faire des transitions assez obvious du style "Et au niveau de la forme blablabla", ça fait un peu bof je trouve. Des transitions un peu plus subtils peut rendre l'article beaucoup plus agréable à lire à mon sens. (Bon ok c'est pas toujours évident)

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  2. Merci pour ton commentaire.

    Ivanhoé n'est pas un des livres qui m'ont le plus enthousiasmée, c'est certain. Néanmoins, il a des qualités: la cohérence que tu cites mais aussi les personnages secondaires qui sont vraiment bons. Dommage que le héros ne soit pas du même acabit...

    Pour la lisibilité; aussitôt dit, assitôt fait, j'ai modifié le message selon tes conseils. J'espère que ça deviendra plus lisible.

    Pour les transitions, je note, mais je ne te promets pas que ça va s'améliorer rapidement. J'ai pris l'habitude et elle risque d'être ancrée encore un petit bout de temps avant que je puisse m'en dégager complètement.

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